Avec mes remerciements à Tristan Hordé pour cette proposition qui
vient en complément de sa note de lecture du livre de Jack Spicer, C’est ma
langue qui m’a fait ça
Il est difficile de couper un
ensemble de Jack Spicer, d’où le choix de trois débuts, le premier avec le
texte en anglais, qui proposent trois aspects de sa poésie.
TH
Cet océan, humiliant dans ces
déguisements
Plus dur que tout.
Plus personne n’écoute la poésie. L’océan
Ne veut pas être écouté. Une goutte
Ou trombe d’eau. Cela ne veut
Rien dire.
C’est
Le pain et le beurre
Le poivre et le sel. La mort
Que les jeunes hommes espèrent. Sans but
Cela se brise sur le rivage. Signaux blancs et sans but. Plus
Personne n’écoute la poésie.
The ocean, humiliating in its disguises
Tougher than anything.
No one listens to poetry. The ocean
Does mean to be listened to. A drop
Or crash of water. It means
Nothing.
It
Is bread and butter
Pepper and salt. The death
That young men hope for. Aimlessly
It pounds the shore. White and
aimless signals. No
One listens to poetry.
Jack Spicer, langage (1964), dans c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça,
éditions Le Bleu du Ciel, 2006, p. 283.
The Collected Books of Jack Spicer, edited
by Robin Blaser, Black Sparrow Press, Santa Rosa, California, 1975.
Livre I, chapitre I, Le bureau
de la lettre morte
« Vous ne pouvez pas fermer la porte. Elle est dans le futur », dit
l’histoire française alors que cela naissait à Charlieville. C’était avant la
Guerre Civile et je ne pense pas que même James Buchanan était président.
Il y avait un bureau de la lettre morte dans chaque village français ou ville
ou cité de la taille de Paris. Il y en a toujours. Rimbaud était né dans le
bureau de poste de Charlieville. Il était un grand enfant.
Apollinaire avait l’habitude de jouer au golf pendant que d’autres tiraient à
la mitrailleuse. De gros papillons essayaient de le libérer des libéraux
minesprits. Mais Rimbaud rampait jusqu’à la page qui le démarquait de ses
neveux.
Cela était né.
Jack Spicer, Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud [posthume], in c’est
mon vocabulaire qui m’a fait ça, éditions Le Bleu du Ciel, 2006, p. 216
I
La radio qui
m’apprit la mort de Billy The Kid
(Et le jour, un jour chaud d’été, avec des oiseaux dans le ciel)
Laissez-nous inventer une frontière – un poème où quelqu’un pourrait se cacher
avec la troupe du shérif après lui – un millier de kilomètres de cela si cela
lui est nécessaire de faire un millier de kilomètres – un poème sans virages
durs, sans maisons pour s’y perdre, sans filets dissimulés de magie habituelle,
sans vendeurs juifs new-yorkais de pyjamas améthyste, juste un endroit où Billy
The Kid peut se cacher quand il tire sur les gens.
Jardins des supplices et trains touristiques. La radio
Qui m’apprit la mort de Billy The Kid
Le jour un jour chaud d’été. Les routes poussiéreuses pendant l’été. Les routes
allant quelque part. Vous pouvez presque voir où elles vont par-delà le violet
sombre de l’horizon. Pas même les oiseaux ne savent où ils vont.
Le poème. Dans toute cette distance qui pourrait reconnaître son visage.
Jack Spicer, Billy The Kid (1958),
dans c’est mon vocabulaire qui m’a fait
ça, éditions Le Bleu du Ciel, 2006, p. 121.
Bio-bibliographie de Jack Spicer
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