2– Le Club 55
Le ciel et l’eau se séparent-ils ?
pas d’horizon, un violet diffus,
on passe à gauche
un sous-bois enchevêtré :
troncs noirs ou dorés, rouges,
touchés diversement par la lumière,
penchés, tordus, courts
– ils semblent parler.
Le contre-jour sur le pare-brise
rejette l’autre versant dans une douceur ancienne,
un nuage voile le dernier
soleil, d’une atonie lunaire,
ses ailes, très lentement,
explosent, se distendent dans une autre forme,
qui, submergée, se noie dans les lueurs tendres
de fin du jour.
– Mais où est le Club 55 ?
Un homme en noir, accompagné d’un chien
nous montre la plage de Pampelonne.
N’étions-nous pas
inquiets des beaux corps des baigneurs d’autrefois
dont les pas, entre les tamaris,
sont effacés?
Nous revivons
la beauté d’hier,
en voiture, sur ces routes ondulantes
qui traversent un paysage creusé
de mille alvéoles dont les couleurs fondues
ne s’altèrent pas;
les oiseaux persistent dans cette vie nouvelle.
Une voile
avance, entre l’eau
et le ciel, posée on ne sait où, venue du lointain
et du passé, elle risque une existence unique
et brillante, détachée,
malgré l’annonce de la pluie et tout
un coin de ciel menaçant.
Sublimes, les artefacts des stations services,
des échangeurs : ces enseignes lumineuses,
ces réclames surréelles, auront bientôt,
dans la brume du soir, leur auréole floue.
Et, parmi l’arrangement sauvage des couleurs,
où nous risquons nos pas,
le battement de leur rayonnement intense
nous laissera captifs du hasard terrestre.
Chantal Bizzini, extrait d’un recueil inédit La Coupe obscure.
bio-bibliographie de Chantal Bizzini
toutes les illustrations de Poezibao
peuvent être agrandies par simple clic sur l’image
index de Poezibao
Sur simple demande à [email protected], recevez chaque
jour l'anthologie permanente dans votre boîte aux lettres électronique
Commentaires