Aujourd’hui jeux d’échos entre Jacques Roubaud et Marilyn Hacker, eux-mêmes en écho d’Aragon !
« Cet après-midi là je fus rue de Bretagne
j’ai repensé souvent à cet après-midi »
J’entrais au Prisunic où je pris un caddy
J’y chargeai des sablés, du cidre de Mortagne
(Mettons). Les gros marchés sont des lieux de cocagne
On y trouve de tout, le beurre et le candy
Le marshmallow vert tendre et le dessous hardi
Pour dames ou messieurs le parfum ou le pagne
C’était un jour banal d’une époque banale
Il ne s’y passa rien qui mérite mention
Aucun événement à mettre en une annale
C’était un jour de juin sans complicati-on
Et si je m’en souviens c’est que soudain ces vers
d’Aragon me retraversèrent l’esprit
Jacques Roubaud, La Forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur
des humains, Gallimard, 1999, p. 101
Rue de Bretagne
après Jacques Roubaud
that afternoon in the rue de Bretagne
(I think back often to that afternoon)
I pushed a shopping cart through Monoprix
where anything you’d like to eat or own-
Roquefort or bath FA, shrink-wrapped lots of three
bottles of Badoit, pâté de campagne,
a coffeemaker engineered by Braun,
is there to contemplate, covet and buy.
Fulfillment in a supermarket’s
fast :
would that it were desire’s paradigm,
I thought, in line, sure that a stretch of time
could, like the summer’s evening sunlight, last
on an uncomplicated day in June
remembering those lines of Aragon
Marilyn Hacker, Desesperanto, W.W. Norton & Cie, 2003, p. 63
Rue de Bretagne
après Jacques Roubaud
libre traduction de Florence Trocmé avec la complicité de Marilyn Hacker
Cet après-midi là j’étais rue de Bretagne
(j’ai repensé souvent à cet après-midi)
J’allais poussant un caddy dans le Monoprix
cherchant dans les travées un pâté de campagne
le nouveau Routard des célèbres montagnes
Rocheuses ou d’Uncle Ben un grand paquet de riz
fruits à contempler, désirer, acheter si
possible avec une bouteille de champagne
Exaucé en hâte comme au supermarché
s’il pouvait en être ainsi toujours du désir
pensais-je dans la queue, sûre que ce laps de temps
pourrait, tel le soleil un soir d’été, perdurer
tout au long de ce jour de juin sans complications
(je me ressouvenais de ces vers d’Aragon)
Traduction inédite Florence Trocmé
note
bio-bibliographique
lecture
Double Change (05),
fiche
lecture de l’essai de Véronique Montémont Jacques Roubaud ou l’amour du nombre,
extrait
1,
extrait
2,
extrait
3 et parution Poésie/Gallimard La forme d'une ville…,
extrait
4,
Marilyn Hacker dans Poezibao :
Note
bio-bibliographique,
aux 20
ans du Nouveau Recueil,
une
rencontre avec Marilyn Hacker,
extrait
1, extrait
2, extrait
3, extrait
4, extrait
5, extrait
6, extrait
7, extrait
8, extrait
9, extrait
10 (à Geneviève Pastre), extrait
11 (Rune de la finlandaise)
une
traduction de Follain,
article
ghazal,
une
intervention sur la sextine,
rencontre
avec Claire Malroux sur la traduction réciproque,
un
article inédit sur Adrienne Rich,
une
lecture chez Village Voice pour la sortie de Essays on Departure,
index
de Poezibao
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Rédigé par : | mercredi 15 août 2007 à 18h37