en hommage à
Claude Esteban (voir
le compte rendu d’une très belle soirée en son souvenir hier, à la Maison
des Écrivains, en présence de Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Michel Deguy,
Jacqueline Risset, Lionel Ray, Florence Delay)
Revenir sur les traces, interroger ce qui fut dit. Un moyen de fixer son profil
parmi les artifices des ressemblances. Je m’en inquiète, je poursuis. Protégé,
enclavé dans l’île interne. Tous les fruits sont tombés. Quelqu’un parle d’une
saison moins opulente. Je l’écoute, je relis les phrases d’un autre été. Ici,
le vent ne souffle pas, les questions sont indemnes sur la table. Avec la glose
par-devant, empilée contre le corps du texte. J’ai pensé, moi aussi, je suis l’auteur
du texte, j’interprète. La trace ou le pourquoi des traces, il faut choisir.
Avoir écrit ne confère aucun pouvoir sur la chose écrite. Pourtant, je le
maintiens, des paroles furent là conjointes. Dans le rituel d’un éclair, le
travail devenait plus facile. J’étais étranger à ce travail. Je croyais puis je
ne croyais pas à l’inspiration, mais les lignes finissaient toujours par faire
un semblant de témoignage. A chaque ligne, des analogies, le parcours sinueux
du symbole. Et le poème, par-delà. Surface lisse, littérale, sans aspérités ni
replis. J’ai traversé tout un jardin, en quête de planimétries rassurantes. Sur
la table, aujourd’hui, ce froissement de vocables. Je l’écoute avec les yeux.
Comme un souvenir de feuilles, ou la promesse de ne pas mourir tout à fait.
Un récit par
fragments. Une prose qui s’accoutume à perdre le fil. C’est le détour obligé.
Claude Esteban, « Prose dans l’île », Le Jour à peine écrit
(1967-1992), Gallimard, 2006, p. 212
Note
bio-bibliographique, extrait
1, extrait
2, la
disparition de Claude Esteban, extrait
4, Le
Matricule des Anges n° 73, hommage
de Hassan Sadfari, extrait
5, extrait
6, extrait
7, annonce
colloque décembre 2006, soirée
d’hommage à la Maison des Écrivains, décembre 2006
index
de Poezibao
Sur simple demande à [email protected],
recevez chaque jour l'anthologie permanente dans votre boîte aux lettres
électronique
Commentaires