
« Que l'agencement des mots
parle, certes. Mais aussi qu'il laisse parler, qu'il laisse monter la rumeur,
biologique, géologique, sève et lave et bruit de fond. L'accord ne doit pas
seulement être juste, il doit résonner, livrer le passage à un son très
lointain, qu'il nous rend soudain proche. Et il y a de la violence dans cette
soudaineté, cette éruption, cette irruption. »
Je reprends cette note d’un
échange récent avec Pierre Maubé parce que ces mots me semblent s’appliquer
parfaitement au recueil qu’il vient de faire paraître, Nulle Part (Prix Troubadours
2006) et dont je propose ici deux extraits.
les morts oublient les vivants
Aride vérité que celle du silence,
inaccompli sommeil que celui de l’oubli.
Notre marche est muette,
notre langage est immobile
notre effort,
notre lent, notre lourd, notre indistinct effort
est inutile
****
Nos bouches sont des puits,
nos bouches sont des failles.
Y coule une rivière
de silence épaissi.
Nous apprenons à taire une voix souterraine,
à sceller de nos mains la blessure têtue,
l’aube de notre nuit se recouvre d’écailles
et la mue de nos yeux a des reflets de boue,
nous apprenons à voir la splendeur de l’abîme
et du corridor nu aux échos oubliés.
Une sueur épaisse a recouvert nos rêves,
lisière grêle où fermente le temps.
un paysage nouveau se dessine,
à perte de vue
Pierre Maubé, Nulle Part, Cahiers de poésie verte, supplément au numéro
94 de la revue Friches, automne 2006, p. 31 et 20
Sur Pierre Maubé, voir la fiche bio-bibliographique mais je rappelle qu’il
anime le site de poésie
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