ANTONIN ARTAUD
Exposition à la Bibliothèque Nationale à Paris
(jusqu’au 7 février)
Les expositions de
la Bibliothèque Nationale consacrées à un écrivain ont toujours une qualité
évidente : elles donnent envie de lire. L’ensemble consacré à Antonin
Artaud offre un parcours très riche pour aborder la complexité de l’œuvre.
Antonin Artaud écrivain est évidemment représenté par des éditions originales,
celle des Lettres à Jacques Rivière
(1927), du Pèse Nerfs avec la
couverture d’André Masson (1925) ou de son adaptation du Moine de Lewis (1931). L’écrivain est aussi présent par ses lettres
et par de très nombreux manuscrits ; on s’attarde sur les cahiers
d’écolier (noircis dans l’asile de Rodez et dans la maison de santé d’Ivry),
sur l’écriture rageuse, pressée d’Artaud, sur le dernier projet que la mort a
interrompu, 50 dessins pour assassiner la
magie.
On aura aussi une
idée de l’énergie qu’avait l’acteur Antonin Artaud. Dans une salle réservée à
quelques extraits de films, de larges écrans restituent ce que signifiait pour
lui « interpréter un rôle » : il est Marat dans le Napoléon
d’Abel Gance, il est Savonarole dans
le Lucrèce Borgia du même
réalisateur, il est le moine Massieu
dans La Passion de Jeanne d’Arc de
Dreyer. On regardera quelques documents sur son activité de scénariste,
notamment avec le scénario de La Coquille
et le clergyman, dont il critiqua violemment la réalisation par Germaine
Dulac.
L’exposition présente
également des documents sur sa mise en scène de Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, sur sa pièce Les Cenci, qu’il interpréta avec Roger
Blin et Iya Abdy dans un décor de Balthus. On s’attarde aussi sur ses écrits à
propos de peintres, avec Van Gogh ou le
suicidé de la société mais encore, dès les années 1920, avec son étude de
tableaux d’Uccello.
Quelques vidéos
(Anaïs Nin, les amis : Henri Thomas, Marthe Robert et Paule Thévenin)
donnent chair à l’homme, et plus encore les autoportraits (de 1920 à sa mort),
les photographies (de Man Ray notamment), son visage dessiné par Balthus. On
prendra le temps de lire les nombreux
portraits de ceux qui l’ont aidé et soutenu les dernières années de sa vie,
Colette Thomas, Michel de M’Uzan, Lily Dubuffet, Paule Thévenin, etc. Et l’on
regrettera sa disparition, le 4 mars 1948, en lisant une lettre de Miro à lui
adressée le 25 février : « J’aimerais
faire quelque chose avec vous ».
Avant de le
(re)lire, j’emporte cette bribe d’Artaud : « pas un être qui soit dans un vrai corps ».
Nous proposerons prochainement un dossier consacré à
Antonin Artaud, avec une bio-bibliographie.
Dates 7 novembre 2006 – 4 février
2007
Lieu Bibliothèque nationale
de France – site François-Mitterrand
Quai François-Mauriac –
Paris XIIIe
Métro : Bibliothèque –
Quai de la Gare
Horaires Du mardi au samedi, de
10h à 19h, le dimanche, de 13h à 19h
Fermeture lundi et
jours fériés
Entrée 7€ - TR : 5€
Commissariat Guillaume Fau,
conservateur au département des Manuscrits de la BnF
BnF - Gallimard
Antonin Artaud
Sous la direction de
Guillaume Fau
Broché, 22 x 27cm, 220 pages et 180 illustrations, 40€
Illustration : autoportrait au couteau,
1947, encre et crayon sur papier, département des manuscrits, ©ADAGP, Paris
2006, © Gallimard
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