Petite ruelle obscure de
Montreuil, aux abords de Paris, entrepôt désaffecté reconverti en lieu de
spectacle baptisé La Guillotine, rideaux et tentures déglinguées, un bar, des
bancs, du monde : Polyphonix, 42ème édition.
Polyphonix est un festival de
poésie contemporaine directe, une structure nomade inventée par Jean-Jacques
Lebel, une association qui depuis plus de 25 ans a présenté des centaines de
poètes, explorant les champs de la poésie sonore, visuelle, dans un esprit de
mixité des techniques, des langues et des expressions.
Cette édition réunissait
Jacqueline Cahen, membre fondateur et très actif de Polyphonix, Jérôme Game, Tibor
Papp qui fait aussi partie du comité du festival, Edith Azam et Jean-Michel
Espitallier.
Jacqueline Cahen, accompagnée au violon, soutenue, « contrepointée » même par Blaise Merlin a donné deux textes différents, l’un une variation déferlante sur le thème d’une vague, d’une algue et d’odeurs de mer puis un texte-performance Roulé-Glissé, lecture aléatoire de mots imprimés sur un petit rouleau de papier, façon caisse de supermarché.
Jérôme Game qui a vécu en France et aux États-Unis, a collaboré avec de nombreux plasticiens et publié six livres depuis 2000. Lui aussi lit deux extraits, Postscriptum et Flip Book, syntaxe mitée par des inserts, des cut-up, déstabilisante à souhait.
Tibor Papp qui vit entre Budapest et Paris est peintre et aussi poète du sonore et du visuel : il va en donner une belle démonstration axant sa lecture en deux temps, avec en premier lieu le déroulement spectaculaire d’un immense rouleau de papier et un texte accompagné au métronome, tout en reprises, réitérations, insistances. Sonore sera la seconde performance, très impressionnante, un concerto pour Tche. Tibor Papp explique que « tche » est un son qui n’existe pas en français et qu’il lui a donc dédié ce concerto où se superposent la bande son d’un texte parcouru de « tche » en tous sens et la voix du poète disant sur un rythme très soutenu un autre texte conçu sur le même principe (on peut entendre ce concerto pour Tche sur le site de Philippe Boisnard), truffé de mots étrangers en tche, Tchernobyl explosant à intervalles réguliers, mais aussi Chesterfield, Chicken, Chinatown, etc.
Tout autre état d’esprit avec la lecture d’Edith Azam. Maitres-mots : intensité et émotion pour une poésie vécue, traduite dans tout le corps d’une poète « possédée d’écriture ». Applaudie à la fin de chacun des dix poèmes qu’elle a lus et qu’elle a su enchaîner en alternant les poèmes « calmes » et des poèmes âpres, tourmentés, presque violents, hachés, disant la difficulté de vivre, la peur, l’angoisse, la douleur. Savoir que où elle passe, Edith Azam bouleverse le public par l’alliage de ses mots et de la force de leur profération.
Je dois m’excuser maintenant
auprès de Jean-Michel Espitallier car je n’ai pu rester jusqu’à la fin de la
soirée et j’ai donc manqué sa prestation.
Edith Azam dans Poezibao :
Note bio-bibliographique, note de lecture de Un
objet silencieux, extrait 1, extrait 2, à
propos d’Al Dante
photos ©florence Trocmé, de haut en bas, la Guillotine, Jacqueline Cahen, Jérôme Game, Tibor Papp (deux photos) et Edith Azam. Toutes les photos de Poezibao sont agrandissables par simple clic sur l'image
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