Trois poèmes pour le mois de janvier,
avec mes remerciements à Tristan Hordé pour cette contribution
p[oème] de janvier
jusqu’à l’extinction de leurs fêtes
jusqu’au cri du jars
nous pâtirons
sur la lunette
à vomir ou à
chauffer nos voix au désert
priant la mère et le diable
enfer mitigé
à l’aide de nos quelques trente-six sons :
le vers Holophernien s’est vu décapiter
par l’intègre prose
et son ange épée
puis le brandirent
hirsute crêpé épique calamistré avant
reprendre leur plat travail de tissage
le noyer s’est abattu sans une plainte
Jude Stéfan, Génitifs, Gallimard,
2001, p. 38.
en hiver
Le champ brille blanc et froid.
Le ciel est solitaire et immense.
Des choucas tournent au-dessus de l’étang
Et des chasseurs descendent de la forêt,
Un mutisme habite les cimes noires des arbres.
Le reflet d’un feu s’échappe des cabanes.
Parfois très loin sonne un traîneau
Et lentement monte la lune grise.
Un gibier saigne doucement sur le talus
Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes
Le roseau frémit jaune et haut.
Gel, fumée, un pas dans le bois vide.
Georg Trakl, Œuvres complètes,
traduites de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider, Gallimard,
1972, p. 41.
Dernier jour de l’an
mais rien ne peut amender
le cœur de l’homme
Bashô, Le Manteau de pluie du Singe,
traduit du japonais par René Sieffert, POF, 1986, p. 33.
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