Avec
mes remerciements à Philippe Di Meo pour cette proposition et ses traductions
inédites
Noir avec mouvement
Ombres convulsées autour d'une flamme,
noirs lambeaux de nuées déchirées
herbe dolente, fouettée par le vent,
et l'horreur
d'oiseaux pris au filet
qui, la poitrine affolée en un vol
toujours avorté, une impétuosité sans trêve
ni issue, se jettent en battant des ailes
dans les mailles (depuis un buisson proche,
un chasseur les épie avec une joie féroce).
Le Seuil
L'âme frissonnante
de froid
(dehors ce serait le geste
de qui se blottit dans son manteau)
nous hésitons sur ce seuil vide
(faut-il entrer ? faut-il fuir ?)
avec la sensation d'être épiés,
dès que nous tournons le dos
par une oeillade, furtive,
décochée depuis un rideau ou un abat-jour,
prompte à se retirer comme une lame
de canif se refermant en un déclic.
Qui nous attend et pourquoi ? Viendra-t-il à notre rencontre
en hôte amical
pour nous conduire à son feu à sa table ?
Ou jaillira-t-il de l'ombre pour nous saisir aux poignets
et nous étouffer de chaînes ?
Déchirant la trame des minutes,
brouillant les images,
le vent règne
désormais sur tout :
un vent innombrable
affole les girouettes,
disperse nos pensées
jusqu'à l'orée de l'enfance,
jusqu'aux visions encore plus confuses
d'un futur qui ne parvient pas à éclore.
Nous sommes ici (y resterons-nous toujours ?)
cloués devant un seuil
que nous n'osons franchir ou quitter :
incertains du choix
et de la possibilité même de choisir.
Mais qu'est-ce donc qui importe là où nous sommes,
si, étant, ce que nous sommes,
nulle part nous ne connaissons la paix.
Trad. de l'italien par Philippe Di Meo
©Philippe Di Meo
(extraits de Neurosuite)
"Avec Neurosuite
Margherita Guidacci transporte un enfer plus ou moins inspiré de Dante dans
l'univers des cliniques psychiatriques."
Philippe Di Meo
Bio-bibliographie de Margherita Guidacci
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NERO CON MOVIMENTO
Ombre convulse intorno ad una fiamma
neri
brandelli di nubi strappate,
erba dolente, frustata dal vento,
e l'orrore
di uccelli prigionnieri in una rete
che premono col petto impazzito
sbattendo l'ali tra le maglie
in un volo sempre abortito, un impeto
senza tregua nè foce (il cacciatore
già da un cespuglio vicino li spia
con allegria feroce).
SOGLIA
Rabbrividendo di freddo
dentro
l'anima
'fuori sarebbe il gesto
di chi si stringe in un mantello)
esitiamo su questa soglia vuota
(meglio entrare ? fuggire ?)
col senso di qualcuno che ci spia,
dell'occhiata che scocca
da una tenda o un paralume, furtiva,
pronta a guizzare indietro come lama
di
temperino che a scatto si chiude
appena ci voltiamo.
Chi ci attende e perché ? Ci verrà incontro
come un ospite amico
per guidarci al suo fuoco, alla sua mensa ?
O balzerà dall'ombra per afferrarci ai polsi
e soffocarci di catene ?
Ora su tutto
domina il vento
lacerando la trama dei minuti,
scompigliando le immgini :
un vento innumerevole
che fa impazzire le banderuole
e sperde i nostri pensieri
fino agli orli confusi dell'infanzia
e alle visioni ancora più confuse
d'un futuro che non riesce a sorgere.
Noi siamo qui (vi staremo sempre ?)
inchiodati davanti ad una soglia
che non osiamo varcare o lasciare :
incerti sulla scelta
e sul potere di compierla.
Ma cosa importa dove siamo
se, essendo quel che siamo,
in nessun luogo ci sentiamo salvi ?
Rédigé par : Dionys | jeudi 08 novembre 2007 à 12h07