Pour signaler la parution chez
Obsidiane d’un nouveau livre de Petr Král, Pour l’ange.
A noter : demain mardi 30 janvier, à 23h30, Alain Veinstein reçoit Petr Král dans du Jour au lendemain, son émission radiophonique de France Culture
Départ
Pour
Hanka
Dans le square au-dessus des Sitges, la petite fille se balance
et c’est – sans insistance – un pendule, à chaque mouvement elle s’imprègne
davantage de nuit
et l’étale avec le bruissement d’une robe de veuve
sur la baie du soir. Au loin l’hôtel blêmi par la distance glisse vers le large
avec la paresse d’une arche vieillie ; la mer à nos pieds a l’éclat
métallique du crime
que nous fûmes incapables de commettre.
Nous partirons, de nouveau habiterons de loin là où nous ne serons guère,
nous appuyant dans l’autre sur une vieille connaissance, plus massive et discrète
chaque jour
et sur son silence complice. Plus haut, le noir des oiseaux déchire en douce le
bleu natif
et mêle étroitement nos flottements à sa trame.
••••••
Cotentin, Assomption
Le mulet en nous traîne
son barda des jours de pluie
L’astre n’est qu’une bête saignant blanche
dans les noces du talus
Plus loin dans le paysage un Dupont mat
saluera Dumont Le soleil et le pâle pastis
levé en l’honneur du Titanic comme quelque part il descend
sous l’horizon
L’ombre si douce dans le tournant
à plonger la main dedans Sans ciller s’arracher le bras sec
et le faire retentir sur l’asphalte.
Les morts seuls parlent pour fini préparent le prochain cri dans la pierre
alors qu’on se fige au cimetière de midi soudés par une même chaleur
au désert debout dans le flanc du clocher.
Petr Král, Pour l’Ange, Obsidiane, 2007, p. 64 et p. 73.
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