Un jour ou l’autre
on sait cela les lèvres
descellées
ouvertes ou béantes
offertes consentantes
au vide qui ne comble
rien
lèvres absentes
ou qui ne sont plus
ou qui ont renoncé
à la figure
au
moindre mot à la
syntaxe d’une phrase
un jour ou l’autre
les
lèvres
ne sont plus
accoutumées qu’elles sont
au rien qui les dessine
un jour ou l’autre et nuit
nuit et jour
effondrées
déjà
dépossédés
d’aubes et de ténèbres
après que la lumière a quitté les yeux
un feu follet
peut-être
gémit
derrière les dents
contre la carie des heures
on ne sait rien
on connaît
ce penchant vers l’inerte
qui nourrit le vivant
[…]
Michaël Glück, Obstination des heures, Le Temps volé, 2006, sans pagination
•
39.
nous ne sommes pas
assez terre à terre
nous avons dégagé
nos pieds de la boue
nous avons arraché
nos pas au désert
nous avons mis des ailes
à nos chevilles
à nos omoplates
anges avons-nous dit anges
nous montons
nous descendons
nous montons
pour trouver place s’il le faut
nous précipitons nos pareils
dans l’abîme
nous claudiquons dans le ciel
où commencent nos lèvres
notre voracité
notre faim d’éternité
Michaël Glück, l’Échelle, L’Amourier, 2006, p. 48
bio-bibliographie de Michaël Glück
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