Isabelle Baladine Howald m’annonce à l’instant la disparition de
Philippe Lacoue-Labarthe. Dès que j’aurai d’autres informations, je les
publierai
FT
Germaniste, professeur d'esthétique et de philosophie à Strasbourg, Philippe Lacoue-Labarthe était né en 1940.
une courte page sur le site de son éditeur Christian Bourgois
note du mardi matin 30 janvier
"Il n’y a pas « d’expérience
poétique » au sens d’un « vécu » ou d’un « état »
poétique. Si quelque chose de tel existe, ou croit exister – et après tout c’est
la puissance, ou l’impuissance, de la littérature que d’y croire et d’y faire
croire –, en aucun cas cela ne peut donner lieu à un poème. A du récit, oui ;
ou à du discours, versifié ou non. A de la « littérature »,
peut-être, au sens où tout au moins on l’entend aujourd’hui. Mais pas à un
poème. Un poème n’a rien à raconter, ni rien à dire : ce qu’il raconte et
dit est ce à quoi il s’arrache comme poème.
[…]
Mais le « vouloir-ne-rien-dire »
d’un poème n’est pas un vouloir ne
rien dire. Un poème veut dire, il n’est même que cela, pur vouloir-dire. Mais
pour vouloir-dire le rien, le néant, ce contre quoi et par quoi il y a la présence,
ce qui est. Et parce que le néant échappe à tout vouloir, le vouloir du poème s’effondre
comme tel (un poème est toujours involontaire, comme l’angoisse et l’amour, et
même la mort que l’on se donne), c’est rien
qui se laisse dire, la chose même, et se laisse dire en et par celui qui s’y
porte malgré lui, le reçoit comme l’irrecevable et s’y soumet. L’accepte, en
tremblant que lui se refuse, « étant » si étrange, fuyant, insaisissable
comme l’est après tout le sens de ce qui est "
Philippe Lacoue-Labarthe, La poésie comme expérience, Christian Bourgois, 1986, 1997, p. 34. Je renvoie aussi à la très belle note rédigée par Isabelle Baladine Howald et publiée sur Vues d'Allemagne
Commentaires