La collection de
poche des éditions Verdier se distingue de ce qu’offre ce marché particulier du
livre. Elle comprend en effet, pour l’essentiel, des œuvres considérées, à tort
selon nous, "difficiles", et une proportion importante
d’inédits : traductions, ensembles complets de poèmes d’un auteur, essais
sur la poésie ou sur l’œuvre d’un poète. On avait pu lire les traductions
précises et commentées de Bashô par René Sieffert, aux Presses orientalistes de
France ; on en retrouvera ici la fraîcheur. On a lu ici même (bio-bibliographie et un
extrait) Benjamin Fondane, poète et essayiste trop mal connu. Beaucoup
pourront découvrir le lyrisme persan du XIVe siècle avec Le Divân (Hâfez de Chiraz) ou celui,
plus proche de nous, de Hofmannsthal, ou encore l’admirable L’Âme de la vie (Rabbi Haïm de Volozine)
traduit de l’hébreu. On appréciera également, avec Parménide, de l’étant au monde, une leçon de lecture à l’écart des
idées reçues, celle de Jean Bollack qui poursuit son travail de réévaluation de
la pensée et de la littérature grecques. Bref extrait de l’introduction :
« Si la lecture critique tient un rôle
essentiel, c’est d’abord que le poème s’est écrit d’une certaine façon, pour
être lu de cette façon-là. L’écrit répond à une attente, et la suscite. Ce
n’est pas seulement la communication d’un savoir, mais une initiation poétique,
qui, pour libre et éclairée qu’elle soit, reproduit, dans leur style, les
pratiques religieuses dont elle s’est détachée. Mais la poésie ne retraduit
aucune pensée ; c’est plutôt la pensée qui se dégage de la poésie. »
(p. 15)
Hâfez de
Chiraz, Le Divân, traduction du
persan et commentaires de Charles-Henri de Fouchécour. (inédit)
Rabbi Haïm de Volozine, L’Âme de la vie,
traduction de l’hébreu et commentaires de Benjamin Gross, préface d’Emmanuel
Lévinas.
Henri Meschonnic, Célébration de la
poésie.
Gianni Stuparitch, L’Île.
Jean Bollack, Parménide. (inédit)
Josy Eisenberg, Adin Steinsaltz, Le
Chandelier d’or.
Bashô, Friches, traduction du
japonais et commentaires de René Sieffert.
Hugo von Hofmannsthal, Le Lien d’ombre,
traduction de l’allemand de Jean-Yves Masson, édition bilingue. (inédit)
Jean-Yves Masson, Hofmannsthal, renoncement et métamorphoses.
(inédit)
Benja min Fondane, Le Mal des fantômes, poèmes.
Voici donc déjà un ensemble de grande qualité et l’on attend avec confiance les
volumes annoncés : en janvier, Pierre Michon, L’Empereur d’Occident (paru chez Fata Morgana en 1989), puis des
épopées médiévales du Japon, un ouvrage de Patočka traduit du tchèque sur
la philosophie de l’histoire, etc.
©Tristan Hordé
Commentaires