Pour attirer l’attention sur Judith Chavanne, déjà publiée une fois dans
l’anthologie permanente de Poezibao,
mais aussi sur deux revues sur lesquelles je reviendrai prochainement, Thauma, la revue dirigée par Isabelle
Raviolo qui a sorti récemment son numéro 2 sur le thème « Erôs, Fils de
Poros et de Pénia » et sur la revue Sorgue
qui a publié son numéro 6 en novembre dernier sur le thème « Poésie comme
exercice spirituel, attention et ouverture ».
Il a beaucoup neigé sur notre pays l’an passé. Adultes et enfants ont attendu
ces chutes qu’on nous annonçait. Visages tournés vers le ciel. Qu’advient-il de
l’heure courante et des échéances quand des êtres ainsi s’attardent et
regardent ce qui peut-être est là qui vient ?
Comme on reçoit la neige, on entre dans l’attention, et tout autour est
suspens. Le temps surtout est suspens, retenu aux lisières d’un vaste et blanc
jardin en quoi s’est changé le monde.
[…]
Pour que se réalise l’attention, il faut que les résistances psychiques,
les gardes cèdent ; un regard alors s’appuie au signe devenu enfin visible
comme à la trace sur la neige, ou comme au tronc environnée de blanc.
Judith Chavanne, « L’attention, la neige », in Sorgue, n° 6,
novembre 2006, p. 122.
••••••
Une seule et même chose
ce châle dont l’un voulut couvrir les épaules
et ce désir de dire tu
à l’oreille de préférence, dans un murmure
afin qu’il soit mieux distingué,
parmi peu de mots entendu,
et qu’alors, dans la syllabe qu’on prononce,
au bord de ses propres lèvres
on affleure soi-même entier :
une lettre, une pensée adressée, un geste,
toujours c’est donc façon de dire, même muettement,
tu es là, je le suis aussi,
deux êtres de pleine existence
par la grâce, l’instant, le toucher qui nous relie.
Judith Chavanne, in Thauma, n° 2, p. 20.
Note bio-bibliographique, extrait
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