Dans le cadre de PoeziLABO, je publie ce texte que m’a envoyé
mon amie Maryse Hache après la lecture
Bénézet / Di Manno à laquelle nous avons assisté ensemble. Autre vision du
même événement, et qui sait, peut-être une incitation à se rendre dans les
lectures de poésie, en ce Printemps des poètes qui annonce de multiples
évènements.
Bonheur d’une lecture :
l'ordre moral
je l'emmerde
rue de bercy
à l'hôtel claret
en ce lundi des poètes
présentation de Jean-Pierre Siméon
lecture
autour d'un lierre hypothétique
faces devant
Mathieu Bénézet
Yves di Manno
et l'absence de Ludovic Janvier
jonchée de
blanches les pages
avec signes devinés
devant elles en première ligne
lunettes
players dans leur bleu et blanc
jaune de bière dans un verre
et verte dans une bouteille de la dite à col chiffré en notes rouge
échotées sur une bouteille plus grande d'eau
petit fume-cigare
deux verres un retourné
veste foncée noire - ou marron - ouverte sur chemise claire à lignes fines en
carreaux - quelle couleur
chemise bleu lavande à petites taches claire de bouton lunettes sur le nez
di Manno
son dire fait entendre ses sauts à la ligne
dans un petit sursaut de silence respiré
il parle de tableaux
d'outils du peintre
que
ne puis-je aller au texte
que
je n'ai qu'entendu
ses mains
jouent imperceptiblement avec le bord de la page
(tendre voix assourdie)
de
c'est beau
à di Manno
qui sourit
tendre voix assourdie
de
c'est beau
à di Manno
légère
moue
des lèvres
quelque chose de l'enfance
première fois
d'entendre (cette voix-Bénézet)
réponse du corps : un frisson
une voix nue
qui a dû enlever [ses] manteaux pour
vivre
les mains de Bénézet
au-dessus du visage
à côté du visage
une poignée de monde
scandant le sien
deux clés de sa musique
les silences
silence où s'engouffre l'écoute
silence où se pose la vie qui passe dans
ses mots
silence où volète toute la retenue de l'indicible
silence qui m'offre
la vérité
de ce qui s'est dit
le taureau mort
l'hortensia
il se penche
buste plié au-dessus de ses feuilles
soutenant quelquefois sa tête
(la voix presque exténuée)
mais souple
étonnamment tendre et fraternelle
elle dit une manière d'accablement
sans le commenter
(et c'est une confidence
presque chuchotée)
elle dit
un abandon
au vivre
une vie soulevée autant que j'ai pu
mercredi 7 février 07
©Maryse Hache