
J’ai récemment rencontré Virginie Lalucq. Occasion de faire connaissance avec l’écrivain qu’elle est mais aussi de parler de la revue Nioques, dont elle est membre du comité de rédaction. Il se trouve que Nioques s’expose à Lyon jusqu’au 23 février, occasion que je saisis également pour présenter la revue et dresser son historique en trois étapes.Rappeler aussi peut-être l’origine du nom, emprunté à Francis Ponge : « Nioques est l’écriture phonétique (comme on pourrait écrire iniorant) de gnoque, mot forgé par moi à partir de la racine grecque signifiant connaissance, et pour ne pas reprendre la gnossienne de Satie ni le Connaissance (de l’Est) de Claudel
La
revue Nioques tient actuellement salon à Lyon. C’est en cours depuis le 7
février et cela dure jusqu’au 23 février.
L’exposition retrace et présente la revue Nioques (n°, affiches, textes),
ainsi que certains des artistes qui y ont participé depuis 1990: Denis Roche,
Pierre-Olivier Arnaud, Bernard Plossu, Vincent Bonnet, Franck Fontaine, Nicolas
Giraud, Patrick Sainton.
« Il y a des
lieux pour le réconfort, la religiosité, le merveilleux, l’émouvant,
l’amplification lyrique, les bouffées sentimentales, les magies métaphoriques,
l’éloquence discrète ou drapée, les formes versifiées de l’exaltation ou de la
dépression, etc.
Certains appellent cela “poésie”. En compagnie de tous ceux qui pourraient fort
bien se passer de ce mot-là s’il le fallait,
« Nioques »
signifie que la poésie n’est pas une solution, que la poésie n’est pas ce que
nous croyons, que la poésie n’a pas encore de nom, ou n’a et n’aura que des
noms impropres. « Nioques » est donc un mot emprunté à Ponge, un de
ces savants de l’extrême ignorance, comme l’étaient Rimbaud, ou Duchamp, ou
Cage. Après quelques mois de disparition, Nioques revient, pour présenter et
défendre, encore et encore, ces proses particulières, ces proses en proses dont
les formes sont à inventer : objets spécifiques, dispositifs ou
installations, verbales ou partiellement verbales, précisément peu ou pas
identifiables. « Le problème est bien l’action commune d’individus libres,
liés seulement par et pour cette liberté créatrice réelle ».
Qui fait Nioques ?
Directeur
littéraire : Jean-Marie Gleize ; comité de rédaction : Franck Fontaine,
Jean-Marie Gleize, Virginie Lalucq, Nathalie Quintane, Patrick Sainton
En fait la revue
Nioques a été créée en 1990 aux éditions La Sétérée où sont parus les dix
premiers numéros. Cette création était liée (dans un contexte de réaction
lyrique depuis le début des années 80) à la volonté de réaffirmer la vitalité
de l’héritage moderne (celui de l’invention formelle et critique, celui du
dérèglement systématique des conventions de genre) et de participer en actes à
la nécessaire relance de l’écriture en tant que recherche et expérimentation.
Une seconde
période, aux éditions Al Dante, sous couverture noire, a donné lieu à dix
nouveaux volumes (nos 11 à 20) et à la création d’une collection de livres
(« Niok »), dans l’esprit d’une radicalisation du propos
initial : vers toujours plus d’efficacité pratique.
Avec cette nouvelle
étape aux éditions Su-cure/Sale,
la revue Nioques poursuit et aggrave son cas.
Au sommaire du
numéro 1, on note parmi d’autres les noms de Claude Yvroud, découvre une très
belle séquence de Jean-Marie Gleize, sorte de variation autour d’un jeune
Esquimau, d’une pêche tragique « Ces corps / c’est dire vivants-morts
plongés dans l’eau », une série de Siegfried Plümper-Hüttenbrink, With-out, et des Dispositifs et Barrages
de Nathalie Quintane. Ainsi qu’une composition de Virginie Lalucq, Faire juste le plus simple des choses.
Au sommaire du
numéro 2, des textes énigmatiques d’Anne Parian, une suite impressionnante, Portrait Chinois de Frank Leibovici
(portraits de jeunes kamikazes palestiniennes) et le fac-simile d’un texte de
Michel Crozatier, The Poet. Parmi beaucoup d'autres choses.
Il s’agit de textes
souvent difficiles, mais excitants qui semblent respecter la règle du jeu que s’est
imposée la revue : « Présenter et défendre, encore et encore, ces
proses particulières, ces proses en prose.... »……
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