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visage des yeux dans le visage des yeux te me
déverse prend
moi pour toi par ce voir de toi
que
j’ai à voir en toi te me
plonge
déborde que le vocabulaire coure si des yeux faut-il infans
matière à
langue que s’ouvre sans fond
bleue
derrière bleue
des
yeux
indéfiniment
faut-il
l’injonction
qu’une larme puis une déborde roule ronde sur rond
de la joue ronde
mouillée
infans
intangible en mon enfant excède l’impudeur de s’émouvoir
ou la facilite est-ce blessure
ou
mythe nous souvenir
d’avoir
eu une enfance
n’en
sommes pas consolés
faut-il
qu’à son humanité enjoint
c’est à l’inenfance
en mon enfant comme au lever d’un astre veut croître
refuse
mon enfant à son inenfance l’abandon
consenti déjà
est-ce mythe ou faute ce que chacun croit
savoir
du monde
et c’est désir et c’est refus
en mon enfant la lutte vers ou contre d’avoir en langue
mère ou moi
à son inenfance
consenti déjà
qui nous souvenons d’une enfance heureuse
nous
voulions reine
en
chaque enfant roi
d’éden intenable à ce sommet vita somnium breve que le
peintre au jardin pissenlits en fleurs et pâquerettes puis capi-
tulation
ou d’un autre le nénuphar le né nu pharaon fragile comme
de vieux doigt sur potelé pétale vieille main et petite main
d’enfant ou leurs deux visages
le cœur s’en brise on a pitié ne peut qu’avoir pitié d’où
vient
la
phrase
implant d’étoile placenta rhyzome nutritif vers quel sang
ou fleur éclat sans nom des pissenlits le jardin la verte prairie
qu’avancer toujours tienne de la fuite à contre temps ne
peut cet enfant
et en chacun
est-ce mythe ou blessure l’enfance heureuse tant d’inenfants
inconsolables
d’enfances perdues au plus intime du plus intime n’en finit pas
poucet
à jamais perdu de l’enfance
perdue
poucet impossible à perdre
Françoise Clédat, le Gai nocher,
Tarabuste, 2006, p. 85
Note
bio-bibliographique
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