Filles,
à vos
mémoires criblées de pluie derrière la grille de
l'hôpital,
aux va-et-vient dans l'armoire en fer sous les pâtes
de fruits,
à ce peigne toujours mouillé,
à vos jupes qui ne tiennent qu'à vos doigts, vos
bijoux.
Vos cheveux sur l'oreiller.
N'attendez pas d'être nuages,
la lucarne pleine de nuit, les petits mots sucrés
précipités, qui clôturent la bouche
Elle appelle elle appelle elle
appelle Lucie
aux beaux yeux, la disparue aux fesses
promptes, par tous les noms qu'on donne à la
petite sœur, Cachée, Figue, Barbeuse,
Agglutinée,
Ô Lugia,
je suis couchée vieille et démente. Je compte
jusqu'à 7, je multiplie par 7, j'envoie un 7
dans ton dos, un coureur et un danseur, un 7
en flamme dans l'oreille, comme hier.
Hélène Sanguinetti, D'ici, de ce berceau,
Poésie / Flammarion, 2003, p.48
D'ici,
D'une
bassine fumante, en tôle, avec des anses
posée
sur les tomettes
Voguant
au fond de la bassine
sur
les tomettes éclatées de la cuisine
(Cuisine
perchée dans le vent du 47!)
De
ce berceau
Tire
le pouce et meurs.
Belles
fées, odorantes fées,
Voici
le jour, on vous étrangle,
Malgré
la petite gourde, malgré les croûtes du plâtre, l'humidité
sous
les boîtes à lettres où le mur gonfle et gonfle
ivre
(ivre
mur du 47!)
Hélène Sanguinetti, D'ici, de ce berceau,
Poésie / Flammarion, 2003, p.49
Je remercie Maryse Hache pour cette
proposition
Note
bio-bibliographique
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