Alain Suied a
envoyé à Poezibao ce texte inédit. Il fera paraître en juin 2007 un
nouveau livre chez Arfuyen, Laisser
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LE DOUTE FAVORABLE
La
masse infinie des fantasmes et des illusions qui constitue le rapport humain au
monde et dérive du Narcissisme pré-natal ne suffit pas tout-à-fait à combler
l'angoisse qu'elle est censée colmater.
Le
Savoir - ou du moins ses institutions ? - ne porte parfois que
l'auto-fictionnel érigé en "Progrès." Le Culturel n'est parfois
que la reproduction du Système socio-politico-économique qu'il est pourtant
censé transformer ou améliorer. Les constructions péremptoires de la Science
...comme...de la Finance.... sont déterminantes du "réel" ou du
rapport au réel. Le religieux et l'idéologique en seraient-ils les
"fondations"? La psychologie profonde de l'individu puise à chacune
de ces sources et traverse bien des plans, bien des dimensions -
l'Inconscient, le ça mais aussi les déterminations historiques, familiales, médiatiques
- pour évoluer dans des directions à la fois aliénées et incertaines.
A
l'infini du rêve correspond un infini de la vie matérielle. L'infiniment
petit et l'infini ne se croisent peut-être qu'à l'instant insaisissable
que nous croyons vivre et qui nous traverse?
Le
paradoxe ultime du Narcissisme humain réside dans cette contradiction
irréductible : c'est l'illusion même qui nous ouvre au questionnement
de la réalité ; c’est notre réalité corporelle, matérielle qui nous pousse
à interroger notre propension fatale à l'Illusion.
Le
"Paradis" prénatal est perdu à tout jamais et pourtant les sociétés
dites humaines et les individus les plus imbus de leur propre suffisance (qui
n'est qu'un signe "social") prétendront toujours en retrouver le
"charme" (sans doute, lui aussi, imaginaire), en recomposer la formule,
en promettre le retour...
...sans
entendre, sans voir, sans ressentir, sans deviner le silence infini, la vision infinie,
l’indifférencié infini du monde et des diverses dimensions de tous les univers.
Sans
entendre, sans voir, sans ressentir, sans deviner, au coeur de la masse infinie
des fantasmes et des illusions qui nous éloigne de l'instant vivant et
foudroyant, la simple et nécessaire humanité du doute favorable.
©Alain Suied