Les chevaux de mine
La maison qui t'a nourri te
racontait peut-être,
la nuit, l’histoire des chevaux de mine :
Les chevaux de mine naissent et vivent dans les
profondeurs ;
c’est entre les murs de la galerie que se trouve
leur maison, leur table.
C’est là qu’ils se nourrissent d’énormes
quartiers d’obscurité, de houille.
Ils se nourrissent à tâtons, à la lumière des
lampes.<
Et, comme des forçats, ils tirent aveuglément
les wagonnets.
Ils charrient encore et toujours,
tant que dure la vie d’un cheval.
Ils charrient la lumière à la surface.
Mais eux, à la surface, dans la
lumière, ils ne peuvent pas vivre,
même pas à la retraite, quand on les libère de la mine.
Puisqu’ils sortent dans le monde les yeux
bandés.
L’obscurité collée au front.
Et c’est comme ça qu’ils vivent
encore un peu, dociles.
Les brises et les arômes les font frémir,
dans le hangar délabré, dans la cour de la mine.<
Les
yeux bandés,
Leur maison est à jamais
l’obscurité.
Linda Maria Baros, La Maison
en lames de rasoir, Cheyne éditeur, 2006, p. 37-38.
Avec mes remerciements
à Tristan Hordé pour cette proposition
Note
bio-bibliographique de Linda Maria Baros
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