Tramways à Bobigny
Le long d’un boulevard désert, par un soir soucieux,
J’ai vu venir les beaux tramways silencieux.
L’un, grandissant comme une étoile qui miroite,
Venait de l’avenir sur une ligne droite.
En sens inverse l’autre a surgi d’un tournant
Parmi des arbres et des fleurs, énorme et patinant
De tout son poids mais souplement contre l’asphalte.
Ils se sont arrêtés ensemble au niveau de la halte.
Leurs portes à coulisse ont manœuvré sans bruit
Pour laisser descendre ou monter quelques dames parées
Comme des reines de Saba : vertes, mauves, dorées.
Au même instant cinq cent fenêtres ont relui
Du haut en bas des grands immeubles : un nuage
S’était déchiré dans le ciel et j’ai levé les yeux.
Quand je suis revenu sur terre, le virage
Et l’infini des rails avaient, jusqu’au sillage,
Absorbé les deux beaux tramways silencieux.
Jacques Réda, La Course, nouvelles poésies itinérantes et familières (1993-1998), Gallimard, 1999, p. 53.
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