La revue le Nouveau Recueil avait donné des extraits de ce travail,
alors en cours et Poezibao en avait
publié un fragment. Voilà donc disponible l’intégralité de ce poème de Sereine
Berlottier, auteur d’un autre livre à marquer d’une pierre blanche, Nu précipité dans le vide, qui sous son
faux nom de roman est en fait une sorte de fantasmagorie autour du poète
Gherasim Luca et de ses dernières heures avant son suicide (jeté dans la Seine,
comme Paul Celan).
elle voyage dans le poète
loin de tout désir de vérité, tout
désir de connaissance, toute intention,
Indications qui me semblent nécessaires pour situer Sereine Berlottier. Citation
qui semble aussi coller parfaitement au projet de son premier recueil poétique
au sens strict du mot Chao Praya. Il
s’agit là aussi d’un voyage, mais où le désir de connaissance est en quelque
sorte interdit par une langue indéchiffrable, où les seuls fragiles repères
sont des cartes, où les mots n’ont plus vraiment cours comme une monnaie qui n’existerait
plus. Voyage qui de ce fait mais aussi intrinsèquement, c’est évident, se
transforme en errance, comme si la perte des mots était aussi perte de repères
fiables. Seul arrimage possible, ses mots à soi, et le « carnet japonais »
où se trouvent collées, décollées, recollées toutes sortes de traces, guère
plus interprètables sauf en tant que souvenirs d’un passage : tickets d’entrée,
dépliants, prospectus….. On note une sorte de rage à l’égard de ce carnet comme
si s’exerçait contre lui la fureur d’être hors, d’être sans, de n’en être pas,
de ne pas comprendre, de ne pas savoir. Tentatives de remodeler ce réel
insaisissable par toutes sortes de travaux de ravaudage. Miroir sans doute et
au-delà, de notre propre rapport avec la réalité, beaucoup moins transparente
que l’on aimerait le croire ! ©Florence Trocmé, Poezibao Sereine Berlottier attention : le livre ne sera en librairie que vers la fin du mois de mai
On peut penser fugitivement à certains textes de Michaux, pour ce qu’induit,
dans le champ intérieur, le dépaysement d’une expérience, maladie ou voyage
dans un pays inconnu.
Le livre est accompagné d’une très belle postface de Benoît Conort. Il propose
une lecture du livre à laquelle j’adhère, j’en propose une un peu différente
sans doute et je retiens cette belle invite : « à chacun de dresser le bilan
de sa lecture, de laisser la poésie résonner en lui, d’en couver les échos »
Chao Praya
Éditions Apogée, 2007
isbn
Sereine Berlottier dans Poezibao
Note
bio-bibliographique, Un
extrait de Chao Praya paru dans le
Nouveau recueil
[1] Nu précipité dans le vide, Fayard, 2006, p. 110