J’ai souvent l’impression que la Terre
se dérobe à ma vue dans un souffle
et qu’un paysage étrange la remplace
telle une idéographie, autour de toute vision.
Je dis : Nuage, Rosée, Poiriers, Lune ! –,
mais à chacun s’attache la même douceur
qu’avait jadis l’image de ma mère morte.
Et la nouvelle contrée aussi est close
comme un jardin qu’habiterait un Maître
qui m’attendrait pour bien plus tard.
Cela me laisse dans un isolement si total
que je me soulève parfois hors de moi-même
pou accomplir quelque action familière dans l’espace
dont la Terre se retire dans un souffle
Christine Lavant, « Fuseau dans la lune », 1959, in Les Etoiles de la faim, choix et traduction de l’allemand par Christine et Nils Gascuel, Orphée/La Différence, 1993, p. 62 et 63
Mir ist es oft,
als ob die Erde sich
jetzt atemleise meinem Blick entzöge,
und eine fremde Landschaft tritt für sie,
wie eine Bilderschrift, um alles Schauen.
Wohl weiß ich noch die Namen mancher Dinge
und sage : Wolke, Tauwind, Birnbaum, Mond ! –,
doch haftet jedem solche Sanftmut an,
wie früher nur dem Bild der toten Mutter.
Und auch die neue Gegend ist verschlossen,
gleich einem Garten, den ein Herr bewohnt,
der mich erwartet für später Zeit.
Das lasst mich nun in allem so allein,
dass ich mich manchmal aus mir selber hebe,
um was Vertrautes in den Raum zu tun,
aus dem die Erde atemleise flieht.
Christine Lavant dans Poezibao :
Note bio-bibliographique, extrait 1, précisions de François Mathieu,
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