Cigarette à chaud, dernière bouffée tirée, addenda, évocations, réflexions :
celle à laquelle on a renoncé et qui peut-être manque.
celle qu’enfant, le soir, on voyait l’adulte faire danser dans le noir,
dessinant de grands huit mystérieux
celle qui cache la détresse, celle-là comme petit fétu de tabac bien roulé dans
la feuille de papier de ce délicieux bouquin qui dit merde à la pensée unique,
merde à la sagesse et qui fait songer irrésistiblement à la célèbre boutade « …tue
lentement, nous on s’en fout, on n’est pas pressés »
urgent, oui urgent d’allumer ainsi, merci BB, des petits barbecues odorants pour réduire en cendres
le formaté, le calibré, l’asséné.
Arrivé à la dernière page, on a vraiment envie d’en griller une (donc seule contre-indication à cette potion salutaire pour l’esprit, ceux qui sont encore trop
près de leur désintoxication) mais aussi de réfléchir au sort fait à nos
petites cervelles assaillies de dogmes. Ah le fumer tue !
Je me souviens d’une anecdote : un soir de Lundi des Poètes, une petite
querelle entre un auditeur discipliné, deux jours après la promulgation de l'interdiction de fumer
dans les lieux publics et le magnifique Mathieu Bénézet, incapable de lire trois
mots sans le viatique clope. La poésie l’a emporté, comme ici dans le livre de
Bernard Bretonnière.
extrait
[…]
Celle qu’on fume à deux en amoureux
Celle qui pourrait aider à réfléchir.
Celle qu’on retient habilement entre les lèvres tout en parlant.
Celle qui repart quand on la croyait éteinte
Cemme dont on récupère la cendre dans la paume en se brûlant un peu.
Celle qui apaise l’angoisse.
[…]
Bernard Bretonnière
Cigarette
Wigwam, 2007
Le site de Wigwam