Pour une socio-poésie
à F. T.
Comment faire entendre le Poème dans une société en
mouvement, écartelée entre un État centralisateur, totalisant, parfois
écrasant, parfois maternant et une population diverse, éprouvée ou insouciante
?
Le Poème est l'interlocuteur.
Il a pour "fonction" d'apparaître là où le dialogue est rompu, où les
valeurs s'égarent et d'agir sur les cœurs pour les remettre en route.
Le Poème cherche la justesse autant que la justice.
Nul "imaginaire" à sa source et toute Fonction est une Fiction...
Nulle complaisance et tout le langage ne peut réduire son Intuition....
Le Poème ré-agit sur le socius, décrypte le réel, parle d'une autre rive mais
avec la voix de l'Avenir.
Depuis trop d'années, la poésie a été noyée, en France, sous un fatras de
politicaille, de privilèges, d'ironies maladroites, de jeux narcissiques...
Il faut réinventer une POESIE DU REEL. Une SOCIOLOGIE DE L'ETONNEMENT natal et
premier.
Le Poème n'est plus dans les jeux d'ombres du Moi, dans les fadaises du
Nombrilisme Parisien, dans les couloirs et les compromissions!
Il redevient le cri et la juste parole qui chantent au coeur de chacun l'amour
et le mystère de sa place dans le monde, dans l'étonnement du monde, dans la
maison commune du réel - non dans les faux-semblants du moment social et de
l'Indifférence érigée en système...
La poésie, jamais, ne soutient le Dogme.
Elle en est l'exacte opposée et opposante : la résistante du for intérieur.
Mais du plus profond et du plus loin de la naissance, elle s'élève pour
décrire l'utopie POSSIBLE et la mémoire FIDELE.
©Alain S u i e d