•Paru aux États-Unis en 1975, Holocauste a été composé par le poète
américain Charles Reznikoff (1894-1976) à partir d’archives du Procès des Criminels devant le Tribunal
Militaire de Nuremberg et des enregistrements du procès Eichmann à
Jérusalem. Véritable « récitatif de l’horreur », cet ouvrage est un
des livres les plus essentiels de la poésie objectiviste américaine. Il fait
partie des ouvrages posant frontalement la question de la célèbre citation
d’Adorno (« écrire un poème après Auschwitz est barbare »). Utilisant
des transcriptions de cours de justice, la poésie de Reznikoff est exempte de
toute forme métaphorique, voire du cadre rhétorique de l’interprétation. Pas
d’idées, sinon dans les choses (no ideas,
but in things), selon l’axiome de William Carlos Williams : aucune
idée ici ne dépasse qui n’a pas été inscrite dans les paroles dites par ceux
qui ont vu et vécu l’horreur, ou celles rapportées de ceux qui ont morts. La
volonté de l’auteur, en travaillant à l’intérieur de morceaux de langue
préexistants, est de se rendre le plus invisible possible : « la
poésie présent l’objet afin de susciter la sensation. Elle doit être très
précise sur l’objet et réticente sur l’émotion », écrit-il.
Outre une préface du traducteur, Auxeméry, on trouvera dans ce recueil un
entretien avec Charles Reznikoff, paru initialement dans un numéro de la revue
Europe consacré aux Objectivistes en 1977 et qui éclaire la démarche poétique
de Reznikoff, depuis ses premiers poèmes jusqu’à Testimony autre grand livre qui utilise les mêmes procédés créatifs
qu’Holocauste.
(Extraits de la présentation du livre par Lionel Destremau)
Attention : ce livre sera en librairie le 12 octobre
Charles Reznikoff,
Holocauste, traduit de l’américain et
préfacé par Auxeméry, suivi d’un entretien avec Charles Reznikoff.
Prétexte éditeur / poésie
isbn : 978-2-912146-24-3
12 €
•Un
écrivain que tout tente et qui tout transforme. Cette langue toujours nouvelle
ne cesse de surprendre et de saisir.
« ...Poser la question des discours au présent [les grands immeubles posés
sur la terre] – avant la parole : le roman que j’écoute – / Ce toi que je
perçois avant la formation du je / Nous ne sommes pas les héros de la mort -
selon Höl - mais les héros d’1 tresse sauvage - biologique. La scène où nous
nous tenons, désintégrés mais liés à un savoir : Théâtre et roman sont ici
dans le même phrasé, la même phrase : /Pur scandale pour les esprits
ordinaires | / Ne vaudrait-il pas mieux penser 1 position-ensemble plutôt qu’1
pensée-ensemble, 1 tenir-ensemble |/ La tragédie est le Temps, le temps comme
commencement ; Dis-tu | //Rien ne permane : tout est commencement,
[…]
Une réflexion sur l’art et sur la langue, sur le visage et la
représentation : « toute figuration est fugitive et forcenée », ponctuée
de quatorze photos en noir et blanc de Mathieu Bénézet par Jacques Le Scanff.
Mathieu
Bénézet
La Tête couchée de Brancusi
Le Préau des Collines
isbn : 978-2-914945-83-7
15 €
•La revue Europe
consacre son numéro 940-941, août-septembre 2007 à Maurice Blanchot
On connaît la formule : « Maurice Blanchot, romancier et critique. Sa vie est
entièrement vouée à la littérature et au silence qui lui est propre ». C’est
celle qui, jusqu’à sa mort, lui aura tenu lieu de notice biographique. Qu’on la
trouve affectée, voire grandiloquente, ou qu’on y voie la marque d’une
authentique grandeur, elle est emblématique de la posture héroïque que Blanchot
élabora au fil du temps, celle de l’écrivain voué vivant à cet anéantissement
qu’est l’écriture, sculptant à vif sa statue de grand mort éternel. La
littérature fut pour lui une forme d’ascèse, une passion de l’extrême, une
plongée dans les profondeurs inquiétantes de la langue. Ce que tisse patiemment
son écriture, c’est le désœuvrement, cette force de dissolution créatrice où
n’en finit pas de mourir un sujet devenant écrivain. « Je ne suis pas maître du
langage », écrivait-il. « Je l’écoute seulement dans son effacement, m’effaçant
en lui, vers cette limite silencieuse où il attend qu’on le reconduise pour
parler, là où défaille la présence comme elle défaille là où porte le désir. »
Pour lire Finnegans Wake, Joyce
souhaitait un idéal lecteur insomniaque. Pour qui veut lire Blanchot, pour aborder
l’étrangeté de cette parole impersonnelle, que l’on dirait sans origine et sans
sujet, il faut sans doute une certaine plasticité psychique, une aptitude à la
perte temporaire de nos représentations fixées, une souplesse des
identifications, un affranchissement provisoire des limites dites humaines. Il
faut admettre que « la littérature commence au moment où la littérature devient
une question ».
Études et textes de :
Évelyne Grossman, Thomas Regnier, Ginette Michaud, Sylvain Santi,
Karl Pollin, Leslie Hill, Christophe Bident, Jonathan Degenève,
Annelise Schulte Nordholt, Jean-Louis Jeannelle, Curt G. Willits,
Ayelet Lilti, Sheila Concari, Philippe Ollé-Laprune, Leslie Kaplan.
Maurice Blanchot : Le livre existera toujours. Inédit.
Au sommaire également un dossier Antoine Volodine et un article de Marc
Weinstein sur Kafka, des textes de Alain Helissen, Jacques Ancet et d’autres,
dans le Cahier de création.
Couverture : James
Turrell, Call Waiting, 1997
Europe, août-septembre 2007, n° 940-941
isbn : 978-2-351-50009-5
18,50 €
lire l’article de Ronald
Klapka, Blanchot le héros
•Ce fragile aujourd’hui d’Eric Brogniet
est le second volet d’un triptyque commencé avec Autoportrait au suaire (L’Age d’homme, 2001) et qui se poursuivra
avec Ulysse, errant dans l’ébloui.
Ne
brisons pas nos solitudes
Augmentons-les jusqu’à ce qu’elles se conjoignent
La
bouche écoute
Le silence sous les mots
Elle prolonge
Le fragile aujourd’hui
Eric
Brogniet
Ce fragile Aujourd’hui
Le Taillis Pré
isbn :978-2-87450-019-0
15 €
•Inspiré
par John Cage, ce livre de Vincent Tholomé prend pour point de départ l’envie
de tenter une expérience. Écrire un texte, un seul, où le hasard interviendra
non comme thème mais comme élément structurant, nécessaire à la composition.
Tout y sera tiré au sort : le nombre de phrases, ce dont elles parleront,
etc. Puis : on se prendra au jeu. On écrira un autre récit, puis un autre.
On se dira, mais oui, tout ça peut faire un ensemble. On complètera les choses.
On tirera encore au sort le nombre de textes qui composeront l’ensemble. On
retouchera à peine. Et puis voilà : 8 solos, duos, ou trios. 8 textes à
lire chez soi, pour soi, ou à porter en scène. En une fois. Par petits bouts.
Seul, à deux, à trois.
Comme on voudra
(Dos du livre)
« trou
noir. Dit john cage. Plus tard. Dit plus tard john cage. En 1935. John Cage a
un bolide rouge et chrome acheté d’occasion à moins de 200$. Il possède
également un beau et large trou noir dans la tête. De sorte que. Chaque fois
chaque fois chaque fois. Dans le désert de l’Arizona. Lancé à toute allure.
Soulevant des tonnes de poussières à son passage. Le bolide rouge et chrome
perd john cage dans ses pensées à l’intérieur de son trou noir. Il faut dire
que. A l’intérieur de son bolide. La […] »
Vincent
Tholomé publie également Tout le monde est quelqu’un, portraits, aux éditions
Rodigrol.
Vincent
Tholomé
The John Cage experiences, 8 solos, duos
ou trios (avec choses)
Éditions Le Clou dans le fer, collection expériences poétiques
isbn 978-2-9526347-3-1
11 €
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