Mâts de chêne hommes stercoraires moteurs dessous maintenant de grands remous de vase détritus entre des pieux que la machine enfonce dans les profondeurs du canal. On marche sur des planchers des sols de marbre qui clapotent immenses avec aux murs des portraits sombres. Entrechoqués. On s’exténue sur un détail une particularité du monde incapables qu’on est devant tant de richesses d’oubli de rien connaître à ces mufles cadrés cette accumulation partout de la puissance. On cherche un terme à l’or. A la fatigue d’être éclaboussés comme jamais par les superbes. Là cette foule admirant à l’aveugle leurs bombes rutilées déchaînant à l’envie la claque les bravos ce fourbi
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Ailleurs ! que la poussière bise des villas le vent levant très haut la terre fine un très long film images dont on voit presque le grain en 16/9 se projetant à force 5 ou 6 sur nos écrans d’automobile précipitant les paysages les beautés pétrifiées en rafales qu’on a vues plus certaines dans les livres d’histoire la vie est un instant ce souple bruissant coloriage agitant grappes rameaux rinceaux dans le fer forgé des glycines devant lesquelles un temps d’arrêt s’impose ! 200 ASA ! juste le temps qu’il faut pour paramétrer la pose farder de millions de couleurs ce regard nu qui se cogne aux frontons repère après sur le guide la forme feinte un peu noircie qui fut un jour iris jambes et voix et fantassine.
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On n’ose à cause de cela l’humide faire de trop grands pas dans les herbes approcher ce fil tendu dont on voit aux deux bouts la bobine on imagine la décharge tenant au large aussi l’épais du mufle la peau croûteuse des frisonnes à pis noirs on se demande si c’est l’angélique ou l’armoise qui ajoute son blanc de mariée à la communiante aubépine en revanche on sait bien distinguer le pissenlit de la renoncule des prés la dent de lion du bouton d’or et merde ! on se fout bien de ces petits savoirs ce que montre pour nous seul la geste reconnue du printemps n’a pas besoin de ces livres ni que l’on compte sur ses doigts mouillés du jus sucré des tiges ou du salé des lèvres pour être au même instant traduit dans la presque lenteur rumineuse d’un corps lourdement allégé d’avoir été mais sans parole ébloui parmi les bêtes (ce jour là).
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Journées. Tout y revient patauger flou patouillant dans la bogue du monde. Un plein pourrissement de pommes d’odeurs tavelées de grosse terre et d’humide qui monte avec galons ganses rubans un peu partout parmi des tiges l’écroulement des fleurs doyennes sous la pluie toujours plus longue et imprécise là dans le regard qui chasse l’évacue par la grille - Nous aurons eu pourtant bien de la chance ici de vivre même penchés sous nos toits minuscules nos lampes faibles calés bien à l’abri du proche et guère différents de tellement d’autres qui sont morts ou souffrent disparaissent et montent de la terre humide sentant la pomme et du chemin où je m’arrête maintenant pour voir cette lumière s’éloigner sous les grands arbres zigzaguant.
Georges Guillain, quatre extraits de Dans la
brouille incertaine des choses (petites proses poétiques), inédit
Bio-bibliographie de Georges Guillain
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