« j’emprunte autant à l’Apocalypse qu’au Bescherelle, à Simenon qu’au Roman de la Rose, à Lola qu’à St Augustin ou Hallâj, aux paroles d’une vieille femme d’un café de Clichy qu’à Merleau-Ponty, à un homme qui passe dans la rue en parlant tout seul qu’à Georges Gougenheim ou Wittgenstein[1] »
Né en 1941, Claude Royet Journoud est l’auteur d’une tétralogie parue chez Gallimard entre 1972 et 1997 et dont le dernier mot, FIN, pouvait laisser croire que l’auteur mettait un terme à son travail d’écriture. Or voici qu’on annonce deux parutions, l’une à venir chez POL et l’autre, effective, dont il est question ici, chez Eric Pesty.
Ce mince livre, La poésie entière est préposition, regroupe cinq séquences parues jadis dans la revue Fin, dirigée par Jean Daive. Ces séquences sont en fait issues de deux carnets de notes que Claude Royet-Journoud a tenus, dès après la publication du troisième titre de la Tétralogie, Les objets contiennent l’infini, en marge de son écriture. Consignées au jour le jour, ce sont des réflexions personnelles, des citations, des retours théoriques sur certains aspects du travail en cours. Le livre, La poésie entière est préposition contient en substance la totalité de ces deux carnets.
Dès les premières lignes, franchi la porte du second titre Un métier d’ignorance, on est convaincu de l’importance et du bien-fondé de cette publication. Ce très peu de pages pèsent d’un poids considérable, par leur intelligence, par leur profondeur, par leur pertinence. Non seulement en contrepoint aux livres de Claude Royet-Journoud mais en soi, comme un ensemble de réflexions, la plupart du temps elliptiques, brèves, percutantes, sur la poésie, la métaphore, autour en particulier d’une très belle méditation sur le rôle de la préposition, « essentielle parce que transparente[2] » : « la poésie entière est préposition[3]
Il semble qu’ici aussi, dans ces carnets de notes et ces "fragments d’entretien", il n’y ait pas un mot de trop, que chacun a été pesé, dans un souci extrême d’exactitude. De telle sorte que chaque ligne ouvre un monde : « Un excès de sens réduit le vers en cendres[4] »…..
©florence trocmé
Claude Royet-Journoud
La poésie entière est préposition
Eric Pesty Éditeur - isbn 978-2-9524961-4-8 - 12 €
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