Noir Écrin comme un mandala obscur posé sur la mer. Angèle
Paoli conjugue au pluriel l’espace et le temps, temps de l’enfance ré-inventée
dans sa jubilante circularité, temps des ancêtres navigants, explorant, défrichant,
bâtissant qui reviennent achever leur itinéraire dans l’île, comme poussés par
un tropisme noir, temps de l’Archée mythique dont elle décrypte les traces
helléniques comme des pas sacrés qui ensoleillent encore la terre de l’île.
Temporalités et lieux qui s’emboîtent et se relient par d’invisibles
connivences et cohabitent sans se gêner. C’est la magie du chairos, le moment
opportun, le bon moment du poème auquel Angèle Paoli nous convie : le dit poétique
dit l’île à double face, à la fois chthonienne et dévastatrice, celle qui comme
toutes ces obscures déesses-mères retient ses enfants sur l’île close, et celle
qui, ouverte à tous les vents, rêvant
d’ailleurs, prête à l’altérité et à l’imprévisible.
Dans une langue claire et sensorielle, comme ses aînés elle explore, défriche,
bâtit dans le champ de la parole jusqu’en sa fibre originaire, le son, la voix,
le mot, le nom, dans son corps-à-corps avec la langue. Elle tente une percée à
la verticale, toujours plus loin, pour revenir au proche.
Dans son hameau de Vignale, paradoxale, elle est à la fois au centre et
ex-centrée. Au centre comme on l’est toujours quand on ose la parole qui donne
lieu. Mais aussi ex-centrée dans l’extase et l’élan de ses voyages en tous
sens.
Noir Écrin comme un point focal, fractal, à la croisée de voix multiples
qui traversent et enchantent le monde.
contribution de Chantal Couëdic
Chantal Couëdic vit à Lyon, où elle exerce le métier de psychologue clinicienne. Poète, elle a notamment soutenu en 1990 une thèse de doctorat d’Université sur la pensée heideggérienne : Franchissement de la faille et avènement de la parole.
Angèle Paoli dans Poezibao :
Note
bio-bibliographique, extrait
1, Noir
Ecrin (parution)
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Rédigé par : Jean-Pierre Santini | jeudi 06 décembre 2007 à 10h22