Rappel : ces présentations ne sont pas des notes de lecture critiques et font souvent appel aux éléments fournis par les éditeurs.
Au sommaire de ce numéro de Poezibao a reçu :
Patrick Wateau, Skléros,
Obsidiane
Nolwenn Euzen, Présente, Le Dé bleu
Le Nouveau Recueil
n° 85
Emily Dickinson, Car l’adieu,
car la nuit, Poésie/Gallimard
Shakespeare, Les Sonnets,
Poésie/Gallimard
Haiku du XXe
siècle, Poésie/Gallimard
Samuel Taylor Coleridge, la
Ballade du vieux marin,
Poésie/Gallimard
•Patrick Wateau
Skléros
Obsidiane, 2007
15 €
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Patrick Wateau poursuit de manière sans doute trop confidentielle une œuvre singulière, livre après livre (il en a publié aujourd’hui une quinzaine, éditée par La Sétérée, José Corti, Unes, etc.). Voilà ce qu’en dit Ludovic Degroote, dans le dernier numéro du Cahier Critique de Poésie : « travail poétique sans concessions et de premier ordre, arrachant la langue à la langue, comme si cet arrachement pouvait tenir lieu de résistance là où il semble d’habitude si naturel d’utiliser une langue qui se donne dans l’immédiateté, comme si c’était aussi une façon de s’arracher à soi […] logique du débris, du délabrement, de la dislocation, de la mort au travail, et cet état de l’homme défait de son espace lyrique, et ramené à lui-même.
« pour dire qu’écrire délimite le trait inflammatoire en le terminant et le mesure en le limitant » (p. 8)
•Nolwenn Euzen
Présente
Le dé bleu, l’idée bleue, 2007 (12 €)
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Nolwenn Euzen, après des parutions dans les revues Neige d’Août, Dans la lune, N 4728, etc. donne ici son premier recueil (Elle a 31 ans). C’est une série de 68 poèmes, tous avec un titre commençant par "Je" : "Je fais attention", "Je sens l’odeur du laurier qui brûle", "Je me rends au cimetière", "Je suis poisson", "Je ne veux pas qu’on m’entende", en quatre sections, "En famille", "à l’écart", "Pêcheur sur la rive poissons dans la rivière", "Un jour de semaine". Une sorte de chapelet pour égrener autant de situations particulières et banales, attestant d’une présence qui semble se constituer dans le moment écrit, bref, lapidaire, sans fioritures. Comme des petits dépôts de temps, au bord d’un départ, d’une rupture. Sensation intense de mélancolie.
22. Je sens l’herbe
coupée
j’entends les feuilles de peuplier
je vois une feuille qui tombe doucement
je vois les feuilles emportées doucement par l’eau du canal.
•Le
Nouveau recueil n° 85, décembre 2007-Février 2008
Champ Vallon, 2007 (14 €)
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Poezibao s’est déjà
largement fait l’écho de la très mauvaise
nouvelle de la cessation de la parution, sous forme de revue imprimée sur
papier, du Nouveau Recueil. On n’en
salue que plus volontiers et bien tristement cet ultime numéro, autour du thème
"Lettres imaginaires" avec des textes notamment de Michel Chaillou,
Jacques Jouet, Hélène Sanguinetti, Marie-Claire Bancquart, Jean-Patrice
Courtois, Lionel Ray et bien sûr le maître d’œuvre de la revue, Jean-Michel
Maulpoix.
J’emprunte cette citation au texte d’ouverture, signé Michel Deguy : « Les
changements d’échelle entraînés par la mondialisation "relativisent" désastreusement
tout ce qui n’est pas économique, les cultures et leurs possibilités d’intercompréhension ».
Il faut être nombreux à accompagner le parcours, désormais électronique, du
Nouveau nouveau recueil.
Très belle salve de Poésie/Gallimard avec pas moins de quatre nouveaux titres, tous dédiés à des poésies étrangères, de langue anglaise principalement, avec des traducteurs de renom (Shakespeare et Bonnefoy, Dickinson et Claire Malroux, Coleridge et Jacques Darras) et un outsider bienvenu, une sélection de haïku japonais du XXe siècle.
•Emily Dickinson
Car l’adieu, car la nuit
choix, traduction et présentation de Claire Malroux, édition bilingue
448 p. 9,80 €
Poésie/Gallimard n° 435, 2007
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C’est une très bonne nouvelle de voir cette large sélection de poèmes d’Emily Dickinson, proposées dans les traductions de Claire Malroux et plus accessible financièrement que ses très belles et irremplaçables publications chez José Corti. Claire Malroux, faut-il le rappeler, connaît intimement l’œuvre d’Emily Dickinson qu’elle traduit depuis des années, à propos de laquelle elle a écrit un beau livre (qu’on préférera au médiatique Christian Bobin sur le même sujet !), Chambre avec vue sur l’éternité. Et on se réjouit que l’édition soit bilingue.
•Shakespeare
Les Sonnets, précédés de Vénus et Adonis, et du Viol de Lucrèce
Présentation et traduction d’Yves Bonnefoy
352 p. ; 9,30 €
Poésie / Gallimard, n° 437, 2007
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Les "Shakespeare de Bonnefoy", a-t-on envie de
dire, même si l’on devine qu’il ne serait pas en accord avec cette façon de
parler de son travail autour des Sonnets,
travail de plus de quinze ans de vie. En effet Yves Bonnefoy s’est persuadé très
tôt que quelque chose de décisif a été expérimenté par Shakespeare dans la
période, assez courte, où l’auteur d’Hamlet
a écrit ses sonnets « il a fait de ceux-ci une réflexion sur la poésie, de
laquelle il a résulté qu’il a choisi de cesser d’écrire des poèmes, lesquels l’avaient
rendu aussi notoire que son premier théâtre, pour se consacrer entièrement à la
scène : choix qui, en profondeur, était en fait celui de la poésie en un
sens plus moderne que celui que son époque plaçait dans les poèmes et leur
prosodie régulière ».
Il faut rappeler que Yves Bonnefoy, après avoir, dit-il, traduit une quinzaine
de sonnets de Pétrarque, a révoqué ses premières traductions de Shakespeare, ,
comprenant qu’il devait préserver la forme des 14 vers qu’il avait pensé dans
un premier temps pouvoir transgresser.
Ce recueil, dont on regrettera évidemment qu’il ne soit pas bilingue (on peut
trouver facilement les textes sur Internet, ici par exemple)
comprend les 154 sonnets, Vénus et Adonis,
Viol de Lucrère, Phénix et Colombe et deux importants textes d’Yves Bonnefoy, une
préface « les sonnets de Shakespeare et la pensée de la poésie » et
une postface « traduire en vers ou en prose ? ».
•Haiku
du XXe siècle, le poème court japonais d’aujourd’hui
présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu
Poésie/Gallimard n° 438, 2007
224 p. 6 €
en librairie le 6 décembre 2007
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Et de deux pour le haïku japonais dans la collection Poésie /
Gallimard. Après Haiku, anthologie du
poème court japonais qui dressait pour la première fois un panorama complet
du genre, cette nouvelle anthologie propose d’explorer sous toutes ses facettes
le renouveau du haïku dans le Japon d’aujourd’hui. « Autres tensions,
autres échos. Depuis la fracture d’Hiroshima, le haïku se nourrit du désordre
des paysages urbains, exploite des gisements inattendus, ausculte l’accélération
de l’histoire tout en gardant vivaces la saisissante simplicité et l’exigence d’expression
absolue qui le fondent ».
Le recueil, très beau avec ces fleurs de Aki Kuroda reproduites sur la
couverture, propose 500 poèmes, « dispositif
d’émerveillement, tremplin de méditation, expérience de vérité, le haïku
contemporain est plus proche que jamais de la fameuse injonction rimbaldienne :
"fixer des vertiges".
•Samuel Taylor Coleridge
La Ballade du vieux marin et autres
textes suivi d’extraits de L’autobiographie
littéraire
Choix, présentation et traduction de Jacques Darras, édition bilingue
448 p. 9, 80 €
Poésie / Gallimard, n° 436, 2007
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« Coleridge
(1772-1834) est considéré comme le plus
romantique de tous les poètes romantiques. Il aime passionnément la nature,
dans sa version sauvage du Pays de Galles et des Lacs où il vit avec une
parfaite sobriété écologique. Dans le même temps, il ne peut se passer de
Londres, dont il aime fréquenter les cafés. Il compose dans les toutes
dernières années du XVIIIe siècle un très grand poème en sept chants, La Ballade du vieux marin »
Cette édition bilingue est accompagnée d’un bel appareil, présentation,
notes, repères biographiques et bibliographiques.
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