Lors d’un récent
voyage à Strasbourg, j’ai eu le bonheur de visiter la librairie Kléber et
surtout son rayon poésie dont je savais qu’il était exceptionnel.
Autant dire que
je n’ai pas été déçue à la fois en raison de l’importance de l’espace consacré
à la poésie mais aussi en raison de la composition de cet ensemble. Avec une
belle présence des éditeurs dits petits et souvent oubliés des libraires. Je
savais qu’Isabelle Baladine Howald, elle-même poète, était très attentive à
leur travail, mais j’ai pu constater de visu comment cela se traduisait dans sa
pratique de libraire.
Deux choses m’ont
particulièrement frappée lors de ma visite. La première est que le rayon poésie
et le rayon littérature dont Isabelle Howald est également responsable sont
construits, composés. Les livres ne sont pas disposés au hasard en fonction des
arrivages ou des places libres, mais font l’objet de rapprochements et derrière
chacun de ces rapprochement on devine une raison d’être (affinités des auteurs
entre
eux, thèmes transversaux, communauté d’esprit), une pensée en œuvre, une
idée, toutes fondées sur une grande culture non seulement littéraire mais aussi
philosophique. Un peu à la manière de ce que pratiquait le grand historien d’art
Aby Warburg pour sa fameuse bibliothèque. On pourrait même dire qu’il y a là,
ce qui semble paradoxal pour qui fait profession de vendre des livres, un
certain goût de l’inédit (comme on est loin des abominables « coups de cœur » !!!).
L’autre chose
qui m’a frappée, c’est que de nombreux livres sont…. recouverts, non pas pour
les fermer hermétiquement comme cela devient trop souvent le cas aujourd’hui,
de telle sorte qu’on ne peut plus les feuilleter, emmaillotés qu’ils sont dans
leurs plastiques, mais recouverts par la libraire d’un beau papier transparent,
de qualité, dans le seul but de préserver les couvertures des traces de doigts
et autres atteintes. Je trouve extrêmement émouvante cette « attention »
au livre.
Florence Trocmé
en haut, aperçu général du rayon, avec au premier plan, une table où l'on distingue notamment le Narré des îles Schwitters de Patrick Beurard-Valdoye. Puis gros plan sur l'autre côté de la même table avec plusieurs livres présentés sur Poezibao, tels ceux de Claude Royet-Journoud, Eugenio de Signoribus, Julien Blaine, Emily Dickinson. Dans l'angle, Isabelle Baladine Howald (dernière photo) a disposé deux textes de Paul Celan et Hugo von Hoffmansthal.
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