Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournis par les éditeurs.
Au sommaire de ce numéro de "Poezibao a reçu", le nouveau livre de Jean-Pierre Verheggen, Sodome et Grammaire, un ouvrage d’Alain Marc et Bertrand Créac’h, un numéro de la revue Nu(e) consacré à Jacques Ancet, une parution chez Alidades, recueil de l’italien Carlo Bordini et enfin une nouvelle collection aux éditons des Vanneaux.
Jean-Pierre
Verheggen
Sodome et Grammaire
Gallimard, 2008
19 €
"L’ai-je dit ? Je suis moi aussi, un auteur mélancomique !"
Quatrième de couverture (ou d’ouverture ?
ndlr) :
Ou Sodome et Grosso Modo si l’on
préfère ! Nous sommes en effet en Presque-Poésie. A l’orée. A l’oreille et
Hardy comme il a déjà été dit et redit. Aux bords. Aux confins : entre
à-peu-près, pataquès, persiflage – voire franche provocation –et joyeuse
parodie. Aux limites imprécises. Là où les frontières sont tantôt floues tantôt
fluides. Là où également tous les coups sont permis pourvu qu’ils mettent en
évidence les infinies ressources de notre belle langue française tout en le
défendant contre qui la voudrait aujourd’hui plus démunie et déshumanisée que
jamais ou davantage surchargée de préciosités ridicules. Un uppercut donc – à
la Cravan s’entend ! – aux rappeurs Camembert ; un swing ou deux
savates aux slameurs pompiers ; une claque en passant à la novlangue
technologique ; une solide peignée au branchouille mode d’emploi sans
oublier une chiquenaude amicale aux grands ancêtres d’anthologie car nuls n’est
parfait, n’est-ce pas ? Surtout pas l’auteur qui dans une ultime pirouette
d’autodérision prend congé de lui-même en s’exclamant : salut l’Autiste !
Salut !
Alain Marc
En regard sur Bertrand Créac’h
poèmes, sculptures et lavis
dumerchez, 2008
20 €
C’est un très beau livre que publie Dumerchez, associant les poèmes d’Alain Marc et les sculptures et lavis de Bertrand Créac’h. Il s’agit là, et on sait que ce n’est pas toujours le cas, d’un véritable dialogue où reproductions des œuvres de Créac’h (très belle qualité éditoriale de l’ouvrage) et textes de Marc (on note aussi l’écho entre les deux noms propres) se parlent, se répondent, s’informent, se donnent à lire mutuellement. Toucher palper sou / peser dit Alain Marc et il réussit ce tour de force que dans leur dépouillement ses mots parviennent à donner ce sentiment de soupeser ces sculptures, d’ouvrir les plus secrètes, d’amplifier la suggestion. Mon travail est silencieux… ce livre ouvre sur le silence, la méditation, monde de clôture / et de médi / tation, la césure ici suggérant aussi la médiation et le dialogue profond entre les deux artistes. Une très belle réussite dans un genre difficile.
Revue Nu(e), n°
37
Jacques Ancet
20 €
Trente sept numéros déjà, pour
la revue Nu(e) et quand on sait ce qu’est
la vie des revues aujourd’hui on ne peut que célébrer et admirer la ténacité
tranquille du travail de Béatrice Bonhomme et Hervé Bosio qui régulièrement
consacrent à un auteur un des beaux numéros de leur revue.
C’est aujourd’hui Jacques Ancet qui est au cœur du numéro 37, Jacques Ancet que
les lecteurs de Poezibao peuvent
retrouver sur le site (consulter l’index
pour toutes les références). La coordination du numéro a été confiée à Serge
Martin qui mène un entretien avec le poète, entretien précédé d’une belle
adresse qui dit l’importance de cette œuvre et évoque la situation de Jacques
Ancet, « éthique et politique d’une forte discrétion mais d’un aussi fort
engagement à suivre une voie – voix conviendrait mieux – qui n’assure de rien,
qui a même été le plus souvent à contre-époque alors même qu’en relisant [l’œuvre],
on est étonné de son acuité sur le contemporain et par sa force doublement
articulée à une grande connaissance des traditions et à une pensée du
contemporain le plus vif. Et la première question posée dit bien la teneur de l’entretien :
« comment se tenir dans le contemporain pour faire vivre l’écriture
poétique ? ». Le numéro comporte aussi des inédits de Jacques Ancet
et des contributions de Bernard Noël, James Sacré, Henri Meschonnic, Gaspard
Hons parmi de nombreux autres. La présence de Antonio Gamoneda parmi ces
contributeurs permet de rappeler que Jacques Ancet est aussi un magnifique
passeur de la poésie espagnole et tout particulièrement des œuvres de Gamoneda,
Gelman, Valente, ce que permet de constater l’impressionnante bibliographie qui
clôt le recueil.
Carlo Bordini
Poussière / Polvere
traduit de l’italien par Olivier Favier, édition bilingue
Éditions Alidades, 2008
5,50 €
Auteur de nombreux recueils de
poèmes, de plusieurs essais et d’un roman, Carlo Bordini est encore très peu
connu en France et il est heureux de voir qu’un jeune traducteur, Olivier
Favier et une petite maison d’édition, Alidades, s’attellent à la belle tâche
de le faire connaître. Carlo Bordini est né à Rome le 2 septembre 1938 et il
est enseignent-chercheur au département d’histoire de l’Université de Rome La
Sapienza où il s’est spécialisé dans l’étude de l’amour et de la famille au
dix-huitième siècle.
Polvere est un poème étonnant où l’expérience intime rencontre en un permanent va-et-vient l’infini des choses, dans une manière de prolongement plus lucide que tragique. Il y a quelque chose d’extrême-oriental dans cette façon de lier en miroir le macrocosme et le microcosme, de ménager la fulgurance des passages, de débusquer la parenté de la matière du monde et de la matière vécue. Carlo Bordini le fait dans une langue quasi minérale, dans une manière d’oralité qui est comme de la pensée en train de naître et de prendre corps – une parole qui serait elle-même matière (Emmanuel Malherbet).
ndlr : Carlo Bordini fera sous peu son apparition dans l’anthologie permanente de Poezibao.
Philippe
Lekeuche
Le feu caché
Éditions des Vanneaux 2007
10 €
&
Jean Jallerat
Chasseur
Éditions des Vanneaux, 2007
10 €
Voici une nouvelle collection, l’Abreuvoir, aux Éditions des Vanneaux, dirigées par Cécile Odartchenko et deux titres. Le premier de Philippe Lekeuche qui est né en 1954 à Tournai, en Picardie belge, le second de Jean Jallerat dont la quatrième de couverture nous apprend qu’il a « longtemps vécu en pays taiseux »