Lecteur, écrivain, typographe, éditeur, traducteur, Claude Chambard
mène un projet poétique en douze volumes, sous le titre générique "Un
nécessaire malentendu", dont les deux premiers volets ont paru en 2002 (La vie de Famille) et en 2004(« Ce qui arrive »), également
au Bleu du Ciel.
Il s’agit dans ce projet au long cours « d’entrevoir ce que la langue, la
poésie, la prose » peuvent faire d’une histoire banale, la vie familiale,
l’amour, la mort.
Voici donc le troisième volet, Le Chemin
vers la cabane, livre dont on dira d’emblée qu’après l’avoir refermé, on
éprouve un sentiment de regret, comme s’il était trop court et que l’on aurait
voulu continuer à écouter cette voix, mélancolique, prenante, subtile qui dit « il
n’y a pas de sentier derrière la porte fermée ».
C’est une méditation sur l’absence, la mort, la séparation. En plusieurs
mouvements, chacun avec son système d’écriture. On trouve d’abord de courts
poèmes au titre rejeté en bas de page puis des notes en prose avec souvent une
amorce qui se répète (je t’écris) et
de nouveau des poèmes ; on glisse d’une partie à l’autre
presqu’insensiblement, très naturellement, la forme épousant au plus près ce
qu’il y a à dire, là, maintenant. Avec une ponctuation de belles photos en noir
et blanc.
C’est un livre prenant, sans pathos, avec de très belles séquences sur la
nature, les rivières -de Touraine en particulier- (« La rivière, c’est le
monde illimité »), les fleurs et les herbes (« la crételle la
fétuque/l’agrostide la rue Augustine/le ray-grass le
trèfle blanc/le pâturin des prés la fléole bulbeuse »),
les étoiles, nommées, les lieux traversés, énumérés, la pluie. Livre que l’on
sent sous-tendu aussi par les autres livres, ceux par exemple de Chateaubriand,
Claude Esteban, Pascal Quignard et Gustave Roud que Claude Chambard remercie à
la fin du livre et dont la mention éclaire son écriture.
Une parole silencieuse, murmurée, discrète et sans insistance déplacée, un peu
comme la visite d’un papillon (le livre se clôt sur l’image d’une "Boîte à
papillons" de Sophie Chambard, porteuse d’un papillon sculpté dans une page
manuscrite de Claude Chambard...)
©florence trocmé
Claude Chambard
le chemin vers la cabane
Le bleu du ciel, 2008, 10 €