O lèvres qui remuez sans cesse le silence !
O paupières qui battez peureusement dans la nuit !
O mains pleines d’herbes qui cherchez à être unies !
O mes amours de grande pénitence !
O fièvre dévorant les jours pâles de l’aube !
O mes amis qui n’avez plus de nom !
Visage en feu qui sans fin se dérobe
au fond du lac où j’en m’en vais rêvant.
Mais savez-vous d’où je viens pour vous voir,
de quelle neige, de quels vents inconnus,
de quelle forêt où je me suis perdu,
savez-vous la source où je vais boire ?
Jean Cayrol, Alerte aux ombres, 1944-1945, Éditions du Seuil, 1997, p. 69
Les textes de ce
livre, que l’auteur se refuse à considérer comme des poèmes, ont été écrits
dans un atelier d’une petite usine du camp de Guzen-Mauthausen. Les détenus y vérifiaient
des pièces entassées sur de grandes tables. [...]Perdus à la Libération, ses
carnets lui furent restitués dix ans plus tard par un Allemand anonyme. Mais en
1955, il était conseillé aux survivants de se taire, d’oublier...
Oublié, donc, puis retrouvé
par hasard cinquante ans plus tard, ce recueil est ici présenté sans
corrections ni ajouts. (p. 5)
Bio-bibliographie de Jean Cayrol
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