Le Mensuel littéraire et poétique baisse le rideau
Dans l’éditorial du Mensuel
littéraire et poétique d’avril, Monique Dorsel annonce qu’il s’agit du dernier numéro. Sans autre explication. Au
moment où le Théâtre-Poème (Bruxelles) vient de faire peau neuve, non sans
difficultés, on peut croire à des problèmes financiers. La perte, en tout cas,
est cruelle. Et l’histoire de ce mensuel trop longue pour ne pas mériter un
dernier hommage. N é en décembre 1968, au moment même où le Théâtre-Poème
s’installait au 30, rue d’Écosse, cette adresse qu’il n’a plus quittée depuis,
ce petit journal connut, au fil des années, des présentations diverses jusqu’en
1986 où Emile Lanc lui donna sa mise en page actuelle, reconnaissable entre
toutes. S’il n’a jamais cherché à briller par des goûts de luxe, Le Mensuel littéraire et poétique a su
privilégier son amour des textes littéraires, relayé en cela par l’admirable
travail du Théâtre-Poème. La poésie y trouva un asile sûr, largement ouvert à
tous les passionnés. Les premières pages du mensuel livraient chaque mois de
multiples articles critiques ainsi que des notes de lecture consacrées aux
dernières publications poétiques. Les meilleurs critiques belges et français
collaboraient régulièrement au journal. Le plus étonnant, outre la périodicité
mensuelle de cette publication, une gageure assurée par des bénévoles, reste ce
tirage affiché de 12 600 exemplaires. Quand on sait qu’une revue de poésie
dépasse rarement les 300 exemplaires, on peut être admiratif. Oui, Le Mensuel – les « habitués » abrégeaient
ainsi son titre –, après plus de 40 ans de bons et généreux services à la
création poétique, va laisser un grand vide. Peut-être la
« retraite » annoncée de Monique Dorsel, cheville ouvrière du
journal, y est-elle pour quelque chose ? Sur la couverture, son portrait
apparaît, avec dans le regard cette luminosité rayonnante qui sait insuffler la
vie au texte dit sur scène. Mais Le Théâtre-Poème continue de plus belle,
affichant une programmation toujours aussi dense. Il propose d’ailleurs, en
clôture de saison, une journée « portes ouvertes » le samedi 13 juin.
À partir de 10h 30, après un colloque consacré à l’écriture à haute voix, une
succession de spectacles gratuits illustrera quelques unes des « très
riches heures » du théâtre. À ne pas manquer.
Contribution d’Alain Helissen