et tandis que
transis morfondus
le cul rincé et la bourrasque
aux chausses aveugles et sourds
à l’heureuse entraille arrachés halés
hors nos fosses
par l’ange extirpateur
brassés pétris par les embardées
du majuscule innommable souffle
aux 720 noms on court
un rivage mordu où les eaux
remuaillent et chantonnent on s’égo-
sille je tiens ta main
je te touche
regarde dis de tous tes yeux
regarde invente l’etcétéra
modeste des merveilles
− elles n’ont l’air de rien –
à nous livrées
prodigalement
par notre mère Cybèle
un plant de fèves en fleur
le diplotaxis crucifère
l’orchis à fleurs lâches
le géranium sanguin
le chou marin et le pavot cornu
l’épitactis des marais
la scille d’automne
l’hélianthème à gouttes
l’ablupercolation des bruinasses
qui poudroient sur les dunes
le rose parfait vif de l’orchidée pyramidale
le thym serpolet mauve
le seigle de mer (qui est bleu)
l’ophrys araignée marron jaune
l’épi de l’oyat en herbe
une pelouse sèche (une)
dans un taillis l’épave rongée rouge
et les crocs d’une râteleuse
les escarpements des grès des schistes des silices
le chant mi-fugue mi-raisin
d’une grive dans un arpent de vigne
et dans les vasières – au printemps −
le cri grincé bref du menu crapaud
pélodyte ponctué
l’élégante avocette et le bal-
buzard
vous avez dit buzard ?
etc.
22 juin 2006
Henri Droguet, Off, Gallimard, 2007, p. 118
Henri Droguet dans Poezibao :
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