« On n’est pas
forcément poète pour en faire profession ou pour écrire des vers ou publier des
recueils : il y faut une distance de chance que peut saisir, à l’inverse,
quelqu’un d’éloigné de se croire ou vouloir tel – un peintre par exemple
(Dotremont, Klee, Arp, Kandinsky [Klänge],
Rouault) ou bien écrivain réputé d’autre genre, philosophe (Bataille, J. Wahl),
romancier, controuvant de la sorte l’ancienne séparation des genres. Tout
individu peut aligner des expressions étagées, tout poète obtenir un résultat
(poème) anecdotique réussi, peu parviendront à la généralisation qui fera d’un
texte la somme exemplaire d’une sensation, cet objet inexprimé dont on dit
justement (Pessoa) qu’il est intraduisible dans les paroles autant que dans une
autre langue. Un dit universel dans un rythme particulier. »
Jude Stefan, « sur le vers beckettien », in Objet, Beckett, catalogue
de l’exposition Beckett au Centre Georges Pompidou, 2007, p. 51
Commentaires