x 2494 - 28 02 09
Quand on lit à la file les cahiers de Kafka, tels qu’ils se
présentent, offrant, dans leur diversité, une contingence méthodique, on tombe
sur des morceaux narratifs qu’on pourrait lire comme des scènes ou des
résumés de roman ou de nouvelle qu’il
n’a pas écrits. Mais ils se suffisent ; ils pourraient être détachés. Il les
écrit comme des essais-exercices, qui lui sont venus, par lesquels il s’est
laissé porter (voir la suite des textes, choisis au hasard, dans l’un des
cahiers, par ex. dans le volume Préparatifs de mariage (Hochzeitsvorbereitungen,
p. 66-69). Ce sont des situations concrètes, comme il y en a mille autres ; il
les développe et les creuse, les poussant jusqu’à leurs conséquences ultimes et
imprévues — leur “vérité”. La situation se structure dans une logique, voire
dans un système, qu’il faut suivre jusqu’au bout. Il fallait se tenir aux
préalables tels qu’ils sont, arbitrairement surgis, puis ne rien lâcher. C’est
un tout chaque fois, c’est-à-dire une progression implacable dans un cadre
fortuit.
x 2495 - 02 03 09
Les brefs récits que Kafka mêle dans ses carnets, comme des
“études”, aux annotations quotidiennes, ce sont des exercices — il se fait la
main, réunissant le vocabulaire et ces expressions justes, adaptées à une situation
donnée. Ce sont en même temps dans leur
effet final des réussites, parfois stupéfiantes. Il se cherche, et se cherchant
manifeste sa maîtrise ; on passe de l’un à l’autre, d’un devoir à la chose
et au merveilleux. L’étude construit un processus quelconque, elle analyse un
engagement arbitraire; impliquant n’importe quoi, mais il est programmé, si libre et si rigoureux qu’il
apparaît nécessaire.
@Jean Bollack
contribution de Tristan Hordé