Au mocassin le verbe
Tu me suicides, si docilement.
Je te mourrai pourtant un jour.
Je connaîtrons cette femme idéale
et lentement je neigerai sur sa bouche.
Et je pleuvrai sans doute même si je fais tard, même si je fais beau temps.
Nous aimez si peu nos yeux
et s'écroulerai cette larme sans
raison bien entendu et sans tristesse.
Sans.
Robert Desnos, Section " Langage Cuit " (1923) in Corps et Biens, p 79, Poésie / Gallimard, 1992
•
Chant du ciel
La fleur des Alpes disait au coquillage : « tu luis »
Le coquillage disait à la mer : « tu résonnes »
La mer disait au bateau : « tu trembles »
Le bateau disait au feu : « tu brilles »
Le feu me disait : « je brille moins que ses yeux »
Le bateau me disait : « je tremble moins que ton cœur quand elle
paraît »
La mer me disait : « je résonne moins que son nom en ton amour »
Le coquillage me disait : « je luis moins que le phosphore du désir
dans ton rêve creux »
La fleur des Alpes me disait : « elle est belle »
Je disais : « elle est belle, elle est belle, elle est
émouvante ».
Robert Desnos, section « Les ténèbres » (1927) in Corps et biens, p.105, Poésie / Gallimard, 1992
Contribution d’Ariane Dreyfus
Robert Desnos dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extraits 1, extraits 2, extrait 3, extrait
4
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