La rubrique Livre ouvert ne propose pas de notes de lecture critiques mais met en valeur des livres récemment édités, en les présentant de façon un peu plus approfondie que dans le cadre de l’article hebdomadaire Poezibao a reçu.
Poezibao publie aujourd’hui un entretien avec Vincent Pélissier, créateur et animateur de la revue Fario, qui vient par ailleurs de fonder une maison d’édition portant le même nom.
La revue Fario a tout récemment fait paraître son n° 8
•La revue
Fario
numéro 8
printemps 2010
415 p – 28 € - Abonnements – site de l’éditeur
•Extrait de la présentation de la revue
« Nous en appelons aux privilèges du livre, aux impressions que dépose dans la solitude une page de papier, à la magie durable d’un petit bloc imprimé et assemblé dignement, à cette « pureté d’ébat » que disait Mallarmé, à l’empreinte irréversible de quelques mots choisis, à la respiration parfois d’une seule phrase, au miracle d’un seul poème. » Lire l’ensemble du texte
•Sommaire de la revue :
°Dossier « la Vie qui s’éloigne II, ″Ecrire, c’était vivre. Survivre″. », avec des textes de Marcel Cohen, Claude Mouchard, Henri Droguet, Konstantin Pavlov, des Poètes de Czernovitz, Eugenio de Signoribus (traduit par André Ughetto), François Mathieu, Milan Šimečka.
°Un second dossier, « Le Livre ouvert », rassemble des textes de Serge Airoldi, Dimitris Hadzis, Jacques Réda, un anonyme du XIIIe siècle (Bestiaire), Euripide & Marie Cosnay, Jean Martory, Christian Fumeron.
Photographies de Mikael Levin.
•Focus
Poezibao souhaite attirer particulièrement l’attention sur deux ensembles.
°« Dans la Chimères des mots, II », une Chronique de la déportation en Transnistrie entre le Dniestr et le Boug, et au-delà (1942), une série de textes et témoignages traduits par François Mathieu avec : Rose Ausländer, Alfred Kittner, Isak Weissglas, Jacob Melzer, Manfred Winkler, Arnold Daghani, Immanuel Weissglas, Alfred Gong.
« La présente chronique fait suite à la ″Chronique du Ghetto de Czernowitz″ (1941-1942) parue dans le numéro 7 de Fario. Comme celle-ci, elle est un montage de textes, poèmes et proses écrits pendant et plus souvent postérieurement à l’évènement, par des témoins et victimes juifs de langue allemande de Bucovine. »
NDLR : c’est au cours de cette déportation que disparurent les Antschel, qui ne sont autres que les parents de Paul Celan.
°Le second ensemble est extrait de notes écrites par Claude Mouchard sur le thème « vie douce et terreur ». Il s’agit en fait de « trois fichiers monumentaux, jamais imprimés, sur lesquels il ne cesse, depuis des années, de travailler » (présentation de Vincent Pélissier, p. 109). « Somme en perpétuelle remaniement sous l’effet de poussées ou de forces, de ruptures, mais aussi de dépôts, d’accumulations, d’alluvions de lectures ou de rencontres [...] une interrogation continue et active sur une violence du ″faire œuvre″ [...] les questions sont là, irrésolues. Comme la terreur et la douceur de la vie sont là, étrangement communiquent et s’opposent, dans un différend qui les oppose et les unit ».
•Extraits
vie ordinaire/douce, continuités, paquets de liens ruisselants, dépendances se perdant...
: matière à impacts ou arrachement incessants
: matière à continuité et à ruptures,
: matière à terreur
: matière à guerre
: matière à accueil,
: matière à œuvres et à non-œuvres
(Claude Mouchard, p. 85)
• • •
Des noms –
Un petit Abel
a trouvé son Caïn
la mort s’en rend maître
la mort est un maître
la mort encoche tous les nombres
dans le brouillard et la pierre
des noms –
Margarete tes cheveux dorés
Sulamith tes cheveux cendrés
La mort est un maître achevé
Que l’Allemagne domine
que...
Encore ?
(Manfred Winkler, p. 142)
Evènement
mercredi 2 juin 2010, 19h30, La lucarne des écrivains
La revue fario et les éditions Laurence Teper invitent à une rencontre
"Dans la chimère des mots" Poètes du ghetto de Czernowitz (1941-1942) avec François Mathieu, Laurence Teper et la revue fario
à la librairie La Lucarne des écrivains 115, rue de l’Ourcq 75019 Paris Métro Crimée
http://lucarnedesecrivains.free.fr
http://www.editionslaurenceteper.com
Sur la déportation en Transnistrie, lire ici