Cette
rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus
par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et
les présentations font souvent appel aux informations fournies par les
éditeurs.
°Jean-Pascal Dubost, Le Défait, Champ
Vallon
°Christian Hubin, Greffes, José Corti
°Franck O’Hara, Poèmes déjeuner, Joca
Seria
°Jean-Paul Michel, Je ne voudrais rien
qui mente, dans un livre, Flammarion
°Gustave Roud, Le Repos du Guerrier,
éditions Fario
°Ron Padgett, Le Grand Quelque chose,
Joca Seria
°Pierre Bergounioux, Deux écrivains
français, éditions Fario
°Revue Fario n° 8
°Gérard Titus-Carmel, L’Ordre des jours,
Champ Vallon
°Maria Gabriela Llansol, La Foudre sur le
crayon, Les Arêtes
°Béatrice Golkar, Le Point
trigonométrique des mouvances, L’Harmattan
°Thierry Clermont, Jubilate !, Éditions
de la Différence
°Manifeste du droit à être dans la Lune,
Centre de création pour l’enfance
°Paul Farellier, Une Odeur d’avant la
neige, L’Arbre à paroles
°Chantal Neveu, Une spectaculaire Influence,
L’Hexagone
°Jacques Guigou, Par les Fonds soulevés,
L’Harmattan
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur
« lire la suite de…. »
•Jean-Pascal Dubost
Le Défait
Champ Vallon, 2010
15 €
« Voilà longtemps que le travaillait
l’idée d’affronter une certaine solitude. Sans avoir jamais décidé quel en
serait le théâtre, une île, un phare, la montagne, la forêt ou un monastère,
chacune de ses lectures relatant une expérience d’ermite variait son désir, se
défiant cependant de tout romantisme.
Un chagrin a mis en branle le vieux fantasme de revenir dans cette ferme hantée
de bruits et de bonheur et d’y passer quelques semaines seul ; l’ imposée
comme le lieu recherché sans être cherché. » (Dos du livre)
•Christian Hubin
Greffes
José Corti, 2010
14 €
« Particules jumelles étanches – des
années, des intervalles devant maintenant, l’énonçant, ultérieur en l’énonçant –
la pression, la peur de toucher, la petite lamelle croissante, le préfixe dans
les attitudes en – une, énonçant. » (p. 57)
•Franck O’Hara
Poèmes déjeuner
Traduit de l’anglais (américain) par Olivier Brossard et Ron Padgett,
postface et notes d’Olivier Brossard
Joca Seria, 2010
15 € - site de l’éditeur
1950-1960 : New York est la capitale artistique du monde. Artistes côtoient
poètes, compositeurs et danseurs dans une effervescence créatrice semblable à
celle du Paris début de siècle. Au cœur de la ville et de cette communauté
d’artistes, le poète Frank O’Hara devient l’Apollinaire américain. Conservateur
au Musée d’art moderne, il parcourt les rues de New York chaque jour à l’heure
du déjeuner. Il en tire les Poèmes déjeuner, écrits sur le pouce, en vitesse,
entre deux rendez-vous. Ils vous feront faire le tour de la ville, mais une
ville personnelle, aussi exacte qu’elle est imaginaire : des adresses précises,
l’Empire State Building et les Nations Unies, mais aussi, souvent, des rêves et
souvenirs où l’on croise Billie Holiday le temps d’une dernière chanson,
Pasternak en robe de chambre, Lana Turner qui s’évanouit et Errol Flynn à la
poursuite de nazis. New York, chez Frank O’Hara, est une ville « à
emporter », à découvrir à pied, dans le métro ou dans un taxi, toujours en
mouvement, sur le vif.
Frank O’Hara (1926-1966),
associé à l’École de New York, est l’un des plus grands poètes américains du XXe
siècle. Publié sous le titre Lunch Poems
en 1964, Poèmes déjeuner a fait date
dans l’histoire littéraire américaine : un langage poétique nouveau naissait,
énergique et réfléchi, drôle et mélancolique, léger et grave. C’est le premier
livre de Frank O’Hara traduit en français.
•Jean-Paul Michel
Je ne voudrais rien qui mente, dans
un livre
Flammarion, 2010
19,50 €
Ce nouveau recueil inédit de Jean-Paul Michel (1978-2003) constitue un pendant
essentiel à Le plus réel est ce hasard et
ce feu, dont la publication en 1997 fut un évènement critique d'une ampleur
bien rare pour des poèmes (volume dont la collection Poésie/Flammarion a donné
une édition nouvelle en 2006). Il permet de donner sa véritable mesure à
l'œuvre en cours (site
de l’éditeur)
•Gustave Roud
Le Repos du guerrier, suivi par Aimé parmi les autres, de James Sacré
éditions Fario, 2010
10 € - voir le très
beau site de l’éditeur
NDLR : ce livre est
en premier lieu l’occasion de saluer la
naissance des éditions Fario (d’après le titre de la revue éditée depuis
plusieurs années par Vincent Pélissier).
(...) Oui, je le crois très sérieusement,
les autres hommes ne vous voient même plus, vous qui vous êtes perdus, - pour
n’avoir pas osé vous perdre.
C’est à vous que je parle, comme si ma voix pouvait être entendue, hommes
cernés par l’inexplicable, vous de qui la misérable présence est si consolante
pour les vivants qu’elle assoit majestueusement dans le sentiment de leur
dignité profonde. Vous n’avez à vous que votre anxieuse faiblesse, mais cette
espérance est-elle si faible qui vous force sans trêve à regarder ? Je
regarde.
Au plus pur de ma mémoire un village que je surplombe, adossé au mur des morts. (…)
72 pages en format 110x160,
imprimé en deux couleurs sur vergé Rives Laid blanc 90 gr, couverture en
Curious Skin violet 270 gr à rabats, composé en Baskerville corps 10 pour le
texte et en Didot pour la couverture, agrémenté d’une photographie par Gustave
Roud, cahiers cousus, dos carré collé, tirage limité à 600 exemplaires.
•Ron Padgett
Le Grand Quelque Chose
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Olivier Brossard, postface d’Olivier
Brossard
Joca Seria, 2010
15 € - site de l’éditeur
Avertissement au lecteur : « Rien ne se passe / de la façon / que l’on
croit » dans Le Grand Quelque Chose
de Ron Padgett. Le livre dont le titre est une variation sur Le Grand Sommeil offre autant de
surprises et de rebondissements que le polar de Raymond Chandler, dans un
univers poétique parallèle. Pourtant pas de vieux général, pas de jeunes femmes
délurées ni de dangereux malfrats dans ces pages. Mais une invitation, lancée
au lecteur, à devenir un privé d’un nouveau genre : quel est le point commun
entre les étonnants personnages qui se promènent dans le monde de Ron Padgett ?
Entre Tom et Jerry qui passent leur bac, Pierre Reverdy qui remonte la rue de
Rennes manuscrit sous le bras, Woody Woodpecker adulé, Tarzan dans le
collimateur et Guillaume Apollinaire feu follet?
On découvre dans ces poèmes d’étonnants indices, comme les pin-up dénudées du
calendrier de Jean-Paul Sartre, un guide du savoir vivre du pivert, de bons
baisers de Dalmatie. On s’étonne du mystère de la poussière qui tourne, on
observe un dîner frappé par la foudre, on repère un grand hamburger qui pilote
un avion. Dans la poésie de Ron Padgett, « boîte de nuit imaginaire »
avec la faune de ses habitués, on peut apprendre comment commencer sa propre
civilisation. On peut aussi regretter les amis disparus au son idiot d’un chien
qui aboie. On peut apprendre, tout simplement, à « profiter de tout / une
heure de plus ».
Auteur de nombreux livres de poésie, grand traducteur de poésie française
(Cendrars, Apollinaire, Reverdy), Ron Padgett est né dans l'état
d'Oklahoma en 1942. Associé à l’école de New York, Ron Padgett a collaboré avec
de nombreux écrivains et artistes (Joe Brainard, Bertrand Dorny, Alex Katz,
George Schneeman, Trevor Winkfield, Jim Dine). Il partage son temps entre New York
et Calais (Vermont).
•Pierre Bergounioux
Deux écrivains français
Éditions Fario
9 € - sur le site de l’éditeur
(...) Comme toute religion, celle
des lettres s’appuie sur une hiérocratie, celle des écrivains, dont on
constate, après coup, qu’ils avaient vocation à se faire les interprètes de
leur temps parce qu’ils en avaient l’expérience idéale-typique. La littérature ne
naît pas d’elle même. C’est au monde qu’elle emprunte sa substance. Ses
inventions formelles, si elles ne répondent pas aux nouvelles exigences de la
vie, de la réalité, se ramènent à des jeux byzantins.(…)
Deux essais, l’un sur Julien Gracq, l’autre sur Claude Simon, constituent ce
petit volume. Pierre Bergounioux fait apparaître ces deux auteurs dont la
matière et la saveur d’écriture sont si dissemblables, comme les interprètes du
temps qui les a vu naître et vivre. Tout deux ont connu une même épreuve, et en
partie construit leurs œuvres sous le choc de l’effondrement général que
constitua, pour la vieille société dont ils avaient hérité, la guerre de 14-18
puis la défaite de 1940.
48 pages en format 110x160,
imprimé en deux couleurs sur vergé blanc 90 gr, couverture en Curious Metallics
rouge 300 gr à rabats, composé en Baskerville corps 11 pour le texte et en
Helvetica pour la couverture, cahiers cousus, dos carré collé, tirage limité à
800 exemplaires.
•Revue Fario
Numéro 8, printemps 2010
28 €
Au sommaire de ce numéro, un fort dossier « La Vie qui s’éloigne (II »),
« Écrire, c’était vivre. Survivre » :
avec des textes de Marcel Cohen, Claude Mouchard, Henri Droguet, Konstantin
Pavlov, de poètes de Czernovitz, Eugenio de Signoribus & François Mathieu,
Milan Šimečka. Un second dossier, Le Livre ouvert, rassemble des textes de
Serge Airoldi, Dimitris Hadzis, Jacques Réda, un anonyme du XIIIe siècle
(Bestiaire), Euripide & Marie Cosnay, Jean Martory, Christian Fumeron
•Gérard Titus-Carmel
L’ordre des jours
Champ Vallon
14 €
On dira qu'ici tout est ordonnancé pour
être reconnu dans la clarté d'une allée sans tare, comme ouverte par fantaisie
dans le désordre naturel de la langue. Mais cette déambulation ne sera pas une
innocente promenade dans un parc à la française: au contraire, elle scande
sourdement, jusque dans la distribution de ses planches, la fatale succession
des jours qui ruinent notre rêve de présence dans l'ici-bas déjà du monde. Ainsi, dans le jeu des calques et
des épreuves, comme dans celui des miroirs et des répons, nous retrouvons-nous
nus, seulement occupés à mesurer notre ombre qui, sans fin, s'allonge selon l'ordre
des jours. (Dos du livre)
•Maria Gabriela Llansol
La Foudre sur le crayon, suivi de Hölder, de Hölderlin & Cantilène
Traduit du portugais par Guida Marques
Les Arêtes, 2010
20 €
« je n’ai pas compris
à quel niveau d’existence appartenait le faucon ;
s’il était ma voix, ou son sujet ;
si le bureau englobait le secrétaire, ou s’il était l’immense territoire du
faucon ; si utiliser le faucon pour voler était comme utiliser une loupe
pour mieux voir ; si ses vols correspondaient à trois livres différents,
ou s’il n’était qu’un seul livre ».
Écrivain portugais, née à
Lisbonne, Maria Gabriela Llansol est l’auteur d’une œuvre considérable, l’une
des plus novatrices de la littérature portugaise. (Dos du livre)
•Béatrice Golkar
Le Point trigonométrique des
mouvances
Trigonometrischer Punkt des Wandelns
Bilingue français-allemand
L’Harmattan, 2009
14,50 €
"Un point trigonométrique mais non un point fixe. L'orientation
d'un regard, je, tu, il. Dans la fluctuation des perspectives, une constante,
un invariant qualitatif...critique expérimental, le regard est aimant. Source
objet. Au miroitement séducteur, aux assonances syncopées des images
correspondent l'effarement né du choc, le doute délétère de l'esprit."
Béatrice Golkar, née en 1972,
est franco-allemande. Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure (Ulm), elle
est agrégée d’allemand et vit à Paris.
•Thierry Clermont
Jubilate !
Avec treize interventions de José de Guimarães.
coll. Clepsydre, éditions de la Différence, 2010
14 €
Jubilate ! explore le mystère de
la voix, cette non-parole « du cri
au / chuchotis / dans un soupir sans / lèvres » qui nous ramène au
corps et à sa jouissance. Mettre des mots sur ce qui se passe de mots, tel est
le défi de Thierry Clermont dans ce recueil singulier que ponctuent les œuvres de
José de Guimarães.
Thierry Clermont est né en
1966. Poète, journaliste au Figaro littéraire et critique musical, il a publié
un premier recueil de poèmes en 2005 aux éditions Maelström/City Lights, Brooklyn : sketches, et des textes dans
les revues Action poétique, Le Nouveau
Recueil, Petite... Il a collaboré avec les compositeurs Régis Campo, Gilles
Schuehmacher et la cantatrice Rachel Guilloux. Thierry Clermont est invité en
compagnie de la soprano Rachel Guilloux au Festival Étonnants voyageurs qui
aura lieu à Saint-Malo du 22 au 24 mai 2010.
•Manifeste du droit à être dans la Lune
Hors Série de la revue dans la Lune
Centre de création pour l’Enfance de Tinqueux
19 €
A l’occasion de son 50e anniversaire, le Centre Culturel de
créations pour l’enfance de Tinqueux édite Le Manifeste du droit à être dans la
Lune. Ce recueil est à la fois le témoin d’un engagement et des actions et
créations qui célèbrent l’art et la poésie.
Parmi les nombreux participants, on peut citer notamment Bernard Bretonnière,
Pascal Commère, Jacques Demarcq, Sabine Macher, Céline Minard, Jean Miniac,
Valérie Rouzeau, James Sacré, Tomaž Šalamun, Fabienne Swiatly, Christiane
Veschambre.
•Paul Farellier
Une odeur d’avant la neige
L’Arbre à paroles
12 €
Des pas sur le bord du sommeil
Qui viendrait là ? Sauriez-vous
la couleur de l’inespéré ?
On imagine
au ras du sommeil
la palabre secrète,
l’ange des syncopes
(p. 32)
•Chantal Neveu
Une spectaculaire influence
L’Hexagone
Ce livre amoral d'où la rectitude politique est exclue propose un étrange
renversement des genres sexuels et littéraires en une expérience de l'extrême.
Perplexe devant le réel, Chantal Neveu expose à la fois le corps et ce rien qui
l'habite. Son écriture, à l'éthique minimale, va jusqu'à la dissolution de
l'idéalisme, mais demeure indulgente pour le vivant qui nous agite. Une spectaculaire influence est
véritablement engagé tant sur le plan littéraire que sur le plan social. (Dos
du livre)
Chantal Neveu choisit l’écriture
comme mode privilégié d’exploration et de connaissance. Elle a publié mentale aux Éditions La Peuplade et èdres et èdres | dehors aux éditions
É = É. Écrivain et artiste interdisciplinaire, elle poursuit une
démarche singulière à la faveur d’une poésie engagée en différentes scènes et
tribunes – fiche de l’auteur chez son
éditeur (avec une vidéo)
•Jacques Guigou
Par les Fonds soulevés
L’Harmattan
10 €
« A chacun de ses versets
issus des plus grands fonds
la mer vient
elle vient méconnaissable
elle vient précédant
le temps
elle vient (...) »
Toujours étrangère à la littérature, arc-boutée contre les images, sans
objet ni sujet, la poésie peut-elle advenir par les fonds soulevés ?