Les éditions Rehauts publient L’aube, un livre de Roger Munier qui prend une dimension particulière après sa disparition, cet été.
Je ne suis pas sans mon corps. Mais mon corps peut bien être sans moi : mon cadavre. Vivant, j’anime un cadavre.
Les morts ne se savent pas. Il n’y a de « morts » que pour les vivants.
Le beauté de la rose tient à l’obscur savoir enfoui qu’elle a de sa mort à venir. Savoir qui est son être même, dont la croissance va au flétrissement final. La mort qui la travaille dans son éclosion même est sa beauté.
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Le là des choses, là auroral, n’est pas inerte. Remue sans cesse, imperceptiblement.
D’où vient le temps dans son cours, s’il en a un : du passé ou du futur ? D’où qu’il vienne, il sombre dans l’instant.
Tout le fini est tronqué, en proie au manque. Simplement, le tronqué s’irradie des traces en beauté du manque.
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Pour parler du néant, il faut parler du monde en inspiré.
L’eau dans le verre de cristal brille en sa pure transparence. L’eau « incolore, inodore et sans saveur » brille de sa seule transparence liquide. N’a d’éclat que dans son effacement.
On n’atteint que ce qu’on se donne. Le reste est hors de prise.
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tout ce qui est à dire, qui pourrait être dit et ne l’est pas, quelque part se rassemble.
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Roger Munier, L’aube, Éditions Rehauts, 2010, 15 €, pp. 30, 50, 81, 90.
Roger Munier dans Poezibao :
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