Trois extraits de Les Ardoises du ciel, paru en 2008 aux éditions Le Temps qu’il fait.
Le rêveur immobile a l’intuition exacte de sa vocation, car sa présence constitue l’unique sauvegarde d’un ensemble de variables. Lui seul peut introduire une correspondance entre chacun des acteurs de ce théâtre immobile et silencieux.
Il se trouve à présent envahi par des vagues successives de soliloques et d’appels qui viennent se joindre autour de lui comme le flux et le reflux des eaux. Qui se fixent en ce point d’immobilité précaire de la mer étale. Le rêveur ne peut répondre à toutes ces questions.
Cependant tous les objets, et les choses, et les instruments réclament. Qui nous dirige et qui nous mène, où devons-nous aller ensemble ? Et vers quoi. Le voyageur sait que les éléments exigent une décision. Un acte accompli dans la clarté. Mais voilà, ce n’est pas encore le temps de calmer le tumulte et de rompre la majesté de la nuit.
Paul Louis Rossi, extrait de la séquence « 2. Le sommeil », Les ardoises du ciel, dessins de François Dilasser, Le Temps qu’il fait, 2008, p. 27
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Quel effort
des pierres pour se courber
des lignes pour se croiser
Quel effort
de l’arbre pour s’accomplir
dans sa sphère préférée
du feuillage pour respirer
du roc pour se fendre
Quelle patience
des rocs pour se fondre
dans la terre inamicale
du passant qui s’avance
contre le souffle du vent.
[...]
Quelle générosité
du visiteur des nuits
avec sa poignée
de poussières et de cendres
Quelle pitié
des ancêtres endormis
des barques qui franchissent
la rangée noire des brisants.
patellaria parella
des murs cupules
orbiculaires
une couleur pâle
paschalis des
carrières
de la Conterie
variolaires
fleuries brunes
Paul Louis Rossi, extrait de la séquence « 3. La Vie éternelle », Les ardoises du ciel, dessins de François Dilasser, Le Temps qu’il fait, 2008, pp. 33 et 36.
Paul Louis Rossi dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, lecture au Divan (mars 06), extrait 2 (L'imprononçable), Les Ardoises du ciel (présentation), extrait 3, ext. 4, notes poésie
Rédigé par : Christiane Parrat | vendredi 26 août 2011 à 11h29