Comme l’indique le titre, ça souffle fort dans ces quelques pages – jusque dans les bronches du lecteur, avec une « heureuse énergie / du désespoir » qui emporte par mots et par vers tout ou presque, y compris le ciel forcément omniprésent – et il est toujours grand temps pour ça puisque trop vite « tout sera sous l’herbe / blanchi crispé débâti » et que celui auquel renvoie le fréquent pronom personnel masculin, à peine sujet, ne pourra alors plus lancer ses cris et chansons à la face du « taiseux formidable », le dénommé D. Souvent dans une tonalité tragicomique, n’hésitant ni à appeler un chien un chien :
La langue aux crocs un chien
qui jamais n’écrira La recherche
du Temps perdu saute à la chienne
impavide
bave et la cul-
bute l’encombre
ni à se tourner lui-même en dérision :
N’y a pas – songe-t-il - d’histoire
naturelle et ceci
fut une fois pour toutes et ego
j’aurai le dernier mot
le sous-moi ça déparle
et déconnais-toi toi-même
désormais
H. Droguet livre donc là un petit opus bien dans sa veine.
[Bruno Fern]
Henri Droguet, Avis de grand frais, éditions Contre-allées, juin 2011, 20 pages, 6 €.