Les Entretiens de Po&sie
en partenariat avec la revue Po&sie
de Michel Deguy, Claude Mouchard et Martin Rueff
« La poésie ne se satisfait pas de la place qui lui est concédée dans le monde des idées. La poésie est convoquée publiquement dans des occasions où son rutilement seul importe. J’emploie ce mot « rutilement » car il est de Rimbaud (« dans les rutilements du jour »). La poésie en impose par elle-même. Elle ne se déplace qu’avec son cortège d’elle-même. Elle est en habit, elle va bien pour ouvrir les discours. Elle va pour signifier les obligations totémiques ou les apories. Elle va avec la mort. Elle va avec l’emplâtrage. Elle va avec la grande musique, d’ailleurs, ne dit-on pas la grande poésie ?
Mais que Darwich ait été membre du parlement palestinien en guerre, que Char ait écrit le plus beau récit de la Résistance, que Néruda ait accompagné Allende et le peuple chilien dans la mort, que Maïakovski ait parcouru de rythmes et vers la Révolution d’octobre, que WC Williams ait écrit Paterson depuis son cabinet de médecin dans la ville de Paterson, que Seghers ait rassemblé les poètes dans la clandestinité, que…
Que de la part de la réalité des sociétés des hommes sur la terre les poètes aient souffert leur lot de désespoir et de suicides, qu’ils aient participé à leurs élaborations audacieuses, qu’ils aient fait œuvre critique, qui peut en douter ?
Bien sûr, c’était avant. Dans ce temps derrière nous où les grands hommes sont célébrés et enterrés, ce qui va ensemble. Mais aujourd’hui, la poésie ?
Cet aujourd’hui de la poésie nous occupe, et il nous occupe de faire entendre que les poètes produisent leurs sens même s’ils ne sont jamais convoqués à les produire sur la grande scène du spectacle général. Il nous occupe de revendiquer ensuite la place qu’ils tiennent dans l’invention perpétuelle de la langue. Et nous montrons enfin qu’ils ont mis en place des stratégies alternatives à l’échec patent d’un Monde qui ne se rassemble sous sa majuscule que par la puissance et la faiblesse de l’argent.
Voilà le chantier des poètes. Cette présence des poètes dans la grande cour de l’agitation et de la douleur humaine, je l’écris en forme de spectacle à venir qui s’intitule « La poésie, c’est exactement le contraire », et je l’écris tous les jours à la direction de la Maison de la poésie à Paris dans les choix de spectacles et d’évènements.
Aussi ai-je sauté de joie à la proposition des membres de la revue Po&sie de venir chez nous ouvrir le débat au sujet des grands sujets de la vie. « Nous voudrions rouvrir un débat où elle (la poésie) s’élance avec les autres », c’est Michel Deguy qui parle.
L’ensemble des collaborateurs, et ils sont d’une qualité propre à cette confrontation de pensées et de poétiques, lance des invitations pour un débat, cela dure deux heures, c’est en entrée libre les seconds samedis de chaque mois jusqu'en avril à 16 heures dans la grande salle de la Maison de la poésie. »
Claude Guerre
Entretiens de Po&sie # 1
Samedi 15 octobre à 16h
« Montrons qu'il est devenu indispensable de s'entretenir avec la poésie »
avec Michel Deguy, Claude Mouchard, Martin Rueff
Maison de la Poésie-Paris
Passage Molière
157 rue Saint Martin
75003 Paris
01 44 54 53 00
entrée libre
Programme pour l'automne :
samedi 19 novembre à 16 h : Rhétorique et poésie, avec Joëlle Gardes-Tamine, Laurent Jenny, Marielle Macé et Michel Deguy, Claude Mouchard, Martin Rueff
samedi 10 décembre à 16 h : Poésie et traduction, avec Tiphaine Samoyault, Claire Malroux et Michel Deguy, Claude Mouchard, Martin Rueff
[article publié dans le cadre du partenariat entre la Maison de la Poésie et Paris et Poezibao]