La poésie peut être non seulement analysée en tant que structure, mais aussi créée en tant que structure. Et pas seulement en tant que structure dont l’objet serait d’accentuer l’expression d’une idée, mais aussi en tant que structure concrète. Dire merci et adieu à tous les genres de problématiques, ordonnées ou désordonnées, de l’ordre de la psychologie privée ou de la culture contemporaine, voire encore universelle. Il est certain que les mots sont des symboles, mais cela ne devrait pas empêcher de ressentir et d’inventer la poésie en partant de la langue, matériau concret.
Que les mots aient une valeur symbolique n’est pas plus remarquable que le fait que, dans l’art pictural, les formes figuratives aient une valeur symbolique allant au-delà de ce qu’elles figurent superficiellement, et que des formes non figuratives, voire même le carré blanc sur la toile blanche, aient aussi une valeur symbolique et ouvrent à des associations plus vastes qui vont au-delà de l’impression produite par le jeu des proportions.
Öyvind Fahlström, « Manifeste pour une poésie concrète », Essais choisis, Les presses du réel, 2002 (p.30)
[choix de Jean-Pascal Dubost]