Au cimetière de O.
pour Elizabeth
Une exiguïté comme si les tombes se jalousaient
la terre
Pas un seul banc dont le dossier pourrait alors
nous devenir une aile
à toi ou à moi
1978
Table de travail près de la fenêtre
et il neige
Les oiseaux épient plus longtemps
qu’ils ne picorent
Et de nouveau je demeure
immobile
Votre reproche de perdre du temps
je le repousse
Le silence s’amoncelle autour de moi
terre pour le poème
Au printemps nous aurons
des poèmes et des oiseaux
1980
auf dem friedhof von o.
für Elizabeth
Eine enge, als neideten die gräber
einander die erde
Keine bank, deren lehne dann dir oder mir
ein flügel werden könnte
schreibtisch am fenster,
und es schneit
Vögel sichern länger als sie
futter aufnehmen
Und wieder verharre ich
reglos
Euren tadel dass ich zeit vergeude
weise ich zurück
Stille häuft sich an um mich,
die erde fürs gedicht
Im frühling werden wir
verse haben und vögel
Reiner Kunze, Un jour sur cette terre (1956-1971), (Ein Tag auf dieser Erde), traduction Mireille Gansel, préface d’Emmanuel Terray, Cheyne éditeur, 2001, p. 56-59.
[Choix d’Ariane Dreyfus]
Reiner Kunze dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, ext. 3, ° Compte rendu de la lecture de Reiner Kunze chez Tschann (avec photos), L’étang est ma table (note de lecture de F. Trocmé)