Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
5e épisode
Résumé de l’épisode précédent : La jeune fille a été plumée. Le garçon pénètre dans le bois et des problèmes de vue et d’ouïe se posent d’emblée. Un écriteau cloué à un arbre inquiète par un possible message subliminal.
Me, on peut prendre le temps de pouffer). Souffler. Et
Attendre que le rythme cardiaque redevienne normal. (210)
Qu’est-ce qui m’a pris de m’affoler de la sorte ? Je n’ai
Plus onze ou douze ans à craindre les baffes du garde,
Ou ses coups de pied dans le cul ? — Tiens, le coucou.
Quoi d’autre encore à entendre ?Un chien du hameau
Qui aboie long et gourd ; le bruit qui vient de s’arrêter
D’un tracteur, dans le chemin de l’Érable, — à l’entrée
D’un champ, c’est plus que probable. Qu’est-ce qu’on
Voit ? Beaucoup de toiles d’araignées entre les arbres,
Qui brillent, et tremblent. Là un grand lit d’anémones
Des bois (les feuilles, pas encor les boutons) ça fait du (220)
Vert, un vert foncé – et tout là-bas file une forme bleu
Marine, c’est le survêt’ de notre instit’ (celui-là, même
Qui nous a lu Rimbaud,et Verlaine), il s’entraîne pour
Le prochain championnat des Flandres de cross-coun
Try (on dit qu’il a déjà eu le titre une fois).
La vieille
Femme est pliée, cassée en deux sous le faix de fagots
(Pas de bourrée, ni de brande ou cotret : fagots de lon
Gues branches). Elle s’appuie sur son bâton, et la tête
Baissée, très lentement avance. Menton en galoche, et
Lèvres rentrées, qu’elle humecte sans cesse à y passer (230)
La pointe d’un rose un peu...déplacé ?de sa langue. Ô
Sorcière, je te reconnais ! Et ton œil mi-clos, renfoncé,
Que sans cesse tu rinces d’une percée bleue : de l’iris,
Oui d’un bleu un peu...déglacé ? Enfin, bref, elle se ra
Mène. Je t’ai reconnue, je sais que sous la crasse (suie,
Oui, serait plus juste), que sous la crasse et la barde à
Poils rares mais crochus, je sais que sous la verrue : je
T’ai reconnue,que sous la barde et sous la harde qui p
Ue... c’est Vivi.ane et Mélusine que tu peux être toute
Nue, et courtisane, et ballerine : pas de bourrée, hue ! (240)
À ta cabane, à ta chaumine. — Il suffit que selon le fil
Et de la langue et de l’iris, tu te redresses, et tu t’extir
Pes de ta gangue d’immondices : et que la bogue mal
Éfice – éclate ! Mais non. Non, tu t’es avancée jusqu’à
La chapelle du bois ; toute tordue et boitant bas, sous
Ta charge de branchage: à haleter, et transpirer, à gri
Macer, à trépider, à saliver et zyeuter bas. Ça ! qu’est
Ce que tu vois ? Sur la marche de la chapelle (fermée
À clé) deux jeunes hommes ont collé leur front à la vi
Tre (la porte de l’édifice est vitrée) et, les deux mains (250)
Plaquées en œillères contre leurs tempes, ils scrutent
L’intérieur, la courte nef, juste encombrée (tu le sais)
De quelques bancs et de quatre prie-Dieu. Puis ils se
Redressent (ils ne t’ont pas vue) et causent. Des deux,
L’un est plus grand et basané (quelque peu). Il parle,
Tu ne l’entends pas mais tu sais bien... avec un assez
Fort accent sud-américain. « Isidore », marmottes-tu,
Et tu craches, à gauche de tes pieds. Un long jet noir.
L’autre (des deux) a une ou deu (qu’est-ce le temps ?
) z années de moins. (Le temps n’aurait-il pourtant u (260)
prochain épisode vendredi 9 décembre 2011