Les Éditions de l’Attente ont tout récemment publié une traduction, par Abigail Lang, d’un livre de Rosmarie Waldrop, La Route est partout (titre original, The road is everywhere or stop this body, 1978)
(1)
Exagération d’une courbe
échange
de temps en temps
à tes côtés dans la voiture
ensemble la route
avec la moiteur de la nuit
la force du sommeil latent
palpite dans nos corps
privés de leur profondeur liquide
vers la prochaine et toujours dangereuse
aube qui saigne sa séquence
de signaux exprès
(2)
une question de
non
une simple cigarette effiloche
des analogies tirées
d’un départ trop fréquent
ne laisse qu’une cendre
de mémoire que démangent les mots
dans ma bouche ne naîtront pas à
la transparence désormais close
devant moi
s’accélère
en une illusion solide
alors je tente de changer
de vitesse ou au moins
de parler
la route refait surface
malgré la cigarette
lèche mes lèves
deux klaxons
et un champ couvert de
fleurs sauvages se retirent
(un signe ?) je n’aime
pas les voitures en troupeaux se meuvent
dans nos cavernes
et la vie que je pensais mienne passe
d’un millimètre
la pointe extrême de
mes attentes
(46)
le vert tendre
a allégé le noir
fond en éclats de
soleil lèche les pétales les fait flammes
je me sens née
d’un arbre et pousser
sur un treillis d’air
tandis que ma voiture emporte
un rayon de soleil
fissure
l’arrondi potentiel du fruit
l’abondance de feuilles
déploie la lumière
prend forme
contre n’importe quel objet.
Rosmarie Waldrop, La Route est partout, trad. de l’américain et postfacé par Abigail Lang, Éditions de l’Attente, 2011, pp.
Rosmarie Waldrop dans Poezibao :
bio-bibliographie extrait 1, extraits 2 (traductions inédites de JR Lassalle)