Une sorte de chant
pareil au jour qui traverse
un feuillage et descend,
furtif, jusqu’à l’herbe pauvre.
Un chant qui parle d’octobre
et d’eau cachée,
de lointains sans amertume,
fronts mêlés, collines heureuses.
Et ce besoin d’espace entre
les mots, comme une disposition
de traces et de froissements.
Ici entre les fleurs, avec le grain
des ombres, la vie circule et boit,
fugitive, à d’anciennes sources
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À cette ultime
limite du regard, le corps couturé
d’ombre, debout dans
le défaut du ciel et des toits,
Sur l’axe du temps, cette image
qui tourne : voix et visions
dans les jardins coutumiers où naissent
des bouquets qui ne s’éteindront pas.
Plus loin dans l’argile inachevée
sinon de vains messages,
la statue du silence
Fait halte. Mais ceux qui nous étaient proches
ont quitté la route pour fuir, étrangers, parmi
les oiseaux faibles et le temps étroit.
Lionel Ray, Syllabes de sable, Gallimard, 1996, pp. 30 et 31.
Lionel Ray dans Poezibao :
Bio-bibliographie, hommage à Claude Esteban, extraits 1, Le Procès de la vieille dame (parution), extrait 2, ext. 3, in notes sur la poésie, ext. 4